Eugène Delacroix peintre, graveur et lithographe dessinait très régulièrement et a laissé une masse énorme de dessins et d’études dans son dernier atelier devenu musée.
Cette fonction préparatoire s’observe à l’envi dans le parcours de l’exposition dédiée au processus artistique. Organisée en plusieurs sections, elle donne à voir, pour un nombre d’œuvres sélectionnées, le génie créatif de l’artiste. La section « Fauves », tout d’abord, où les tigres et les lions sont les sujets privilégiés de ses études animalières. Il en avait une connaissance approfondie, travaillant d’après nature essentiellement au Jardin des plantes en compagnie du sculpteur animalier Barye. La partie suivante traite de son œuvre prenant sa source dans la mythologie, l’histoire ou la littérature : plusieurs études de L’Enlèvement de Rebecca remarquablement mises en scène et finement étudiées sur le papier avant d’être transposées sur la toile, une tête de damné pour Dante et Virgile aux enfers, d’une exécution rapide, dans un clair-obscur rendu par une palette étouffée, relevée par des éclats rouges, plusieurs compositions de Médée furieuse, du dessin de première pensée en passant par la mise au carreau jusqu’à l’esquisse à l’huile permettant de suivre la genèse de l’œuvre. On admire une huile sur toile pour ce chef-d’œuvre universel qu’est La Liberté guidant le peuple. Les filiations artistiques entre Delacroix et de nombreux autres artistes sont également évoquées par des œuvres de Géricault, Cogniet, Chassériau ou Gauguin ponctuant le parcours. Enfin, le thème de l’atelier, vision idéalisée et fantasmée de la pratique artistique, est représenté par les tableaux de Bazille, de Picasso et du même Delacroix.
Cet article a été publié dans L'ŒIL n°725 du 1 juillet 2019, avec le titre suivant : Dans l’atelier, avec Delacroix