Après la belle rétrospective consacrée à Adam-Frans Van der Meulen (1632-1690), l’an dernier, le Musée-promenade de Marly évoque à son tour le décor du château, et plus particulièrement celui de l’appartement du Roi où le peintre flamand avait brossé de nombreuses scènes militaires. Avant que la chasse et la nature ne prennent le pas dans les goûts de Louis XIV.
MARLY - Élevé de 1679 à 1683 par Jules Hardouin-Mansart, le château de Marly était perçu par Louis XIV comme un havre à l’écart de la pompe versaillaise, où il pouvait goûter un peu d’intimité. “À la fin, le Roi, lassé du beau et de la foule, se persuada qu’il voulait quelquefois du petit et de la solitude”, rapporte Saint-Simon. Mais avec le Roi-Soleil, le désir de représentation n’est jamais loin et, comme à Versailles, l’image du souverain est au cœur des choix décoratifs. Si l’architecture du lieu, avec son grand pavillon royal et ses douze pavillons annexes disposés de part et d’autre du grand bassin, apparaît telle une métaphore du zodiaque dont le soleil est le centre, le décor intérieur délaisse ostensiblement les schémas mythologiques et astrologiques. De même que la voûte de la Galerie des Glaces privilégiait une évocation des exploits du Roi plutôt que les travaux d’Hercule envisagés à l’origine par Le Brun, Louis XIV choisit à Marly de privilégier l’histoire de ses succès, dépouillée ici de ses oripeaux allégoriques. Grâce aux inventaires réguliers des tableaux accrochés dans les pièces du château, couplés aux archives de la Maison du Roi, il a été possible de reconstituer l’évolution du décor, de 1684 à 1750. Réunies au Musée-promenade de Marly, les toiles qui ont successivement orné l’appartement du Roi racontent en creux les mésaventures d’un règne commencé dans l’allégresse et achevé dans l’amertume.
Dans les années 1680, Louis XIV est encore à l’apogée de sa gloire militaire, et Van der Meulen, dont le travail sur l’escalier des Ambassadeurs a été apprécié, est appelé à Marly pour peindre les Conquestes du Roy. D’autres peintres, comme Jean Paul et Jean-Baptiste Martin, sont également sollicités pour brosser les hauts faits de la campagne de Flandre et de Hollande. Mais, au crépuscule du règne, la réussite des armes a changé de camp ; les défaites ont terni la splendeur initiale et saigné le pays. Face à ce retournement du destin, le souverain se fait plus humble et ne se passionne plus guère que pour la chasse. Le décor de son appartement enregistre ce repli : des portraits de chiens commandés à François Desportes ont fait leur apparition dans son antichambre, et de somptueuses compositions florales de Jean-Baptiste Blin de Fontenay sont venues adoucir une iconographie guerrière dont la saison était passée.
Musée-promenade, parc de Marly, 78430 Louveciennes, tél. 01 39 69 06 26, tlj sauf lundi et mardi 14h-18h. Catalogue, 120 p., 135 F.
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Dans l’appartement du roi
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°83 du 14 mai 1999, avec le titre suivant : Dans l’appartement du roi