Pétillant. - Nous sommes nombreux à nous souvenir avec émerveillement de l’ébouriffante « Paris 1900 » organisée il y a presque dix ans par le Petit Palais.
Le Musée des beaux-arts de Paris réitère cette performance, et nous entraîne dans l’extraordinaire frénésie des premières décennies du XXe siècle dans la capitale des avant-gardes. Le parallélisme entre les deux expositions est frappant : même format fleuve, même immersion à 360 degrés dans une époque et, surtout, même énergie débridée. Outre le récit palpitant déroulé par ce projet, autour de quatre cents pièces, sa plus belle réussite est sa capacité à « démuséifier » les œuvres et les objets qu’il réunit. Rarement les artefacts ont semblé si vivants et revitalisés, comme s’ils venaient de sortir de l’atelier. L’art consommé de la scénographie dont ce lieu s’est fait une spécialité joue un rôle considérable dans l’ambiance survoltée qui se dégage de cette présentation gargantuesque, où se télescopent tableaux, sculptures, objets d’art, vêtements, décors, costumes de ballet, papier peint, masques africains, musique... sans oublier des moteurs, et même un avion ! N’en jetez plus. Pour certains, cet inventaire à la Prévert d’une époque charnière et avide de nouveautés et de progrès, est d’ailleurs trop copieux, et cette cascade d’œuvres peut saturer le regard de visiteur. Il est vrai que le parcours est si riche qu’il renferme presque plusieurs expositions en une. Mais ce trop-plein grisant est à l’image de son sujet : étourdissant. Il fallait cette démesure pour faire ressentir cette course effrénée à la modernité, et le carambolage incessant des différents mouvements de l’époque, du fauvisme à l’Art déco en passant par le cubisme, le futurisme, le constructivisme et Dada. Conçu comme un anti-manuel d’histoire de l’art, ce projet rassemble toutes ces mouvances qui, loin de vivre chacune dans leur couloir, frayaient alors ensemble dans Ville Lumière et débattaient vigoureusement au café. Un parcours pétillant comme une coupe de champagne, qui nous embarque dans le manège de la modernité quand Paris était une fête.
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Dans la frénésie parisienne
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°771 du 1 janvier 2024, avec le titre suivant : Dans la frénésie parisienne