Les maîtres de la photographie couleur contemporaine ne sont pas qu’américains. La remise en lumière de l’œuvre de Daniel Boudinet (1945- 1990) découvre l’importance qu’elle tient dans cette histoire.
Son redéploiement mené au château de Tours par Christian Caujolle et Mathilde Falguière, conservatrice à la Médiathèque de l’architecture et du patrimoine, restitue dans une belle limpidité les fondements esthétiques de ce photographe auquel passèrent commande en son temps les institutions les plus prestigieuses. Au cloître de la Psalette attenant à la cathédrale de Tours, le Centre des monuments nationaux expose sa série sur le Panthéon, dont trois tirages d’époque sont au château de Tours. Car, une fois n’est pas coutume, l’exposition ne montre que des vintages, en particulier des cibachromes, renversants dans leur degré de netteté et de transparence. « Tout mon travail photographique est lié à ma déambulation », disait Daniel Boudinet. Paris, Rome ou Londres la nuit ou Petra au crépuscule forment plus que des décors de théâtre, mais bien des théâtres au sens premier du terme grec theatron, qui signifie « lieu où l’on regarde », où l’on regarde comment, par les seules lumières de la nuit, Daniel Boudinet se sert des couleurs pour créer des compositions épurées. La série OpusIV réalisée dans son appartement, les divers travaux sur la nature ou les reproductions d’œuvre d’art convoquent d’autres expérimentations prégnantes de la poétique d’un homme. L’évocation des liens de Daniel Boudinet avec Roland Barthes rappelle quant à elle le choix de l’écrivain d’un des Polaroid couleur pour introduire à La Chambre claire.
Cet article a été publié dans L'ŒIL n°715 du 1 septembre 2018, avec le titre suivant : Daniel Boudinet, un autre regard sur la couleur
