Archéologue à l’Inrap, spécialiste du néolithique et de l’âge du bronze, Cyril Marcigny est le co-auteur de l’ouvrage \"La France racontée par les archéologues\".
Virginie Duchesne : Comment l’archéologie s’organise-t-elle en France ?
Cyril Marcigny : Il y a deux types d’archéologie. L’archéologie préventive, qui intervient en amont de travaux d’aménagement, représente plus de 80 % des fouilles effectuées en France par rapport à l’archéologie programmée. La première est du ressort de l’Inrap et d’autres structures publiques ou privées, la seconde, qui tend à s’amenuiser, est réalisée par des chercheurs de tous horizons (CNRS, ministère de la Culture, de l’Enseignement…). Depuis 2003, une partie de l’archéologie préventive est passée dans le régime concurrentiel. Des entreprises privées procèdent donc à des fouilles sur le sol national suite aux appels d’offres des aménageurs.
V.D. : Quelles sont les étapes d’une fouille archéologique, du terrain au traitement des données ?
C.M. : Une fouille consiste à dégager et à enregistrer des vestiges, qu’ils soient immobiliers (fosses, murs…) ou mobiliers (poteries, monnaies…), mais aussi à prélever des restes plus ténus, comme les charbons de bois, les graines calcinées ainsi que des sédiments (pollens fossiles). À cette étape, des spécialistes en céramologie ou en paléoenvironnement interviennent. Ces données, étudiées par une équipe interdisciplinaire, alimentent un rapport de fouilles qui peut ensuite donner lieu à une publication, de la monographie d’un site à un article.
V.D. : Comment la recherche sur les Gaulois s’est-elle construite ?
C.M. : Dès les années 1950, Roger Agache, le premier, entreprend des prospections aériennes. Cette technique a rendu visible de nombreux enclos qui se dessinaient dans les campagnes françaises. Les sondages au sol ont ensuite révélé qu’il s’agissait de fermes gauloises, ce qui remettait en cause l’idée que l’on avait de l’habitat de cette époque.
V.D. : Pourquoi avions-nous une image erronée des Gaulois ?
C.M. : Essentiellement par manque de fouilles et donc par manque de données sur la civilisation gauloise. Pendant longtemps, les seules sources disponibles sur les Gaulois ont été les écrits de César, notamment La Guerre des Gaules.
V.D. : L’archéologie nationale s’est mise en place tardivement. Pourquoi ?
C.M. : Très curieusement, il y a un fort décalage entre l’intérêt que portent les citoyens à l’archéologie et les avis émis par nos élus. Certains ont encore des difficultés à s’y intéresser parce que, bien souvent, ce ne sont pas des pyramides qui sortent de terre ! Pour beaucoup d’entre eux, les fouilles sont d’abord une contrainte. Historiquement, l’archéologie nationale a longtemps été reléguée à un second rang, même si des fouilles préventives ont été entreprises dès après la Seconde Guerre mondiale. Heureusement, le public, lui, se penche de plus en plus sur cette histoire nationale. L’archéologue lui-même commence à être reconnu dans la réalité de son métier.
Cyril Marcigny est l’auteur, avec la journaliste Daphné Bétard, collaboratrice du Journal des arts [groupe Artclair éditions], de l’ouvrage : La France racontée par les archéologues, Gallimard, mars 2012, 221 p., 28 euros.
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Cyril Marcigny - Une archéologie du ciel
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°648 du 1 juillet 2012, avec le titre suivant : Cyril Marcigny - Une archéologie du ciel