« Cette vieille peau terreuse et plissée, blessée, ressemble à la mère de Rembrandt ; le grand portrait d’Amsterdam boueux, graisseux, au visage craquelé, entièrement pris dans le projet sédimentaire de la mort. »
Ces quelques mots, les premiers d’un petit livre, La Belle de Fontenay, consacré à la pomme de terre, Henri Cueco les a écrits en 1989. L’homme, le peintre, l’écrivain, a toujours regardé avec attention, perplexité, et beaucoup d’humour aussi, le monde qui nous entoure. Rien de mieux que de lire les titres de ses tableaux pour comprendre ce qui lui importe vraiment : La Disparition de la tartine, Sandow et ficelles sur fond noir, La Petite Peinture avec arbres, Ciel sombre d’orage, Sous-bois, Chien qui saute, Femmes et moutons, Le Ciel un jour d’élections, Herbes bleues, Un tas de feuilles en feu, Danaé aux roses, Danaé des HLM, Bois flottant, La Rosa (une pomme de terre bien sûr !)… Homme debout face au réel, Cueco a peint ce qu’il voit, y compris les paysages de Corrèze où il est né en 1929 et où il est toujours retourné. Il a aimé réinventer les corps, ceux des animaux comme ceux des humains. Il a peint beaucoup de chiens, des moutons aussi. Leurs corps sont fragmentés, gueules et pattes de chiens, yeux, bouches, oreilles, langues, nez ou membres d’humains. Et, même quand les corps apparaissent dans leur totalité, ils semblent souvent fractionnés, comme morcelés de l’intérieur. La scénographie de l’exposition confronte le visiteur à un foisonnement aussi dense en réalités contrastées que le laisse deviner la succession des titres des œuvres. Sur les cimaises sombres se côtoient La Meute au repos, Africain jambes sur fond jaune et Petit Homme rouge courant. Cueco, peintre très attentif aux matériaux, choisit ses techniques en fonction du sujet qu’il traite : huile sur toile, sur toile cirée ou sur papier, huile et colle sur papier paille, acrylique sur toile de lin ou sur papier paille, fusain et acrylique sur toile polyester, encre pigmentée sur toile polyester, crayon graphite sur papier couché. Un regret : un seul de ses formidables très grands dessins au crayon graphite est présent dans l’exposition.
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Cueco, les plis de la vie…
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Abonnez-vous dès 1 €Musée de Gajac, 2, rue des Jardins, Villeneuve-sur-Lot (47), www.ville-villeneuve-sur-lot.fr
Cet article a été publié dans L'ŒIL n°694 du 1 octobre 2016, avec le titre suivant : Cueco, les plis de la vie…