SANTANDER / ESPAGNE
Le regard est étonné, perdu, quand il pénètre dans la première salle de l’exposition de Cristina Iglesias au deuxième étage du Centro Botín.
Est-on face à des labyrinthes, des grottes, des tanières, des abris protecteurs, des pièges qui pourraient se refermer sur un visiteur trop curieux ? Que sont ces imposants et étranges volumes aux formes et aux apparences hétéroclites ? Le sentiment d’être confronté à des réalités indéchiffrables s’estompe progressivement quand on se déplace entre ces sculptures réalisées avec des matériaux extrêmement variés : câbles en acier, fibre de verre, tapisserie, poudre de bronze, résine, fibre de ciment, miroirs, cristal… On perçoit alors des formes évoquant des matières issues du monde végétal. Des lettres apparaissent également sur certaines surfaces, composant des phrases indéchiffrables. Les cartels nous apprennent que ce sont des fragments d’écrits, entre autres, de Raymond Roussel ou de Hafsa Bint Al-Hayy, un poète arabo-andalou du XIIe siècle. Chaque présence se découvre comme une invitation à faire surgir des espaces sensoriels inattendus suggérant des relations inédites entre intérieur et extérieur, organique et artificiel, inquiétude et apaisement. « L’artiste invite le visiteur à se déplacer librement entre les œuvres et à pénétrer dans certaines de ses structures, lui permettant de développer des relations personnelles tant physiques que mentales avec chaque sculpture », confie Benjamin Weil, directeur artistique du Centro Botín. Sculptrice très connue dans son pays, Cristina Iglesias est née en 1956 à Saint-Sébastien, en Espagne.
Cet article a été publié dans L'ŒIL n°718 du 1 décembre 2018, avec le titre suivant : Cristina Iglesias : dépaysement assuré