La modernité ne se limite pas aux impressionnistes. La fin du xixe siècle recèle de nombreux petits maîtres qui ont, autant que les peintres de la couleur, fait sortir l’art des ateliers académiques.
« Peinture et société au temps des impressionnistes. » Le titre de l’exposition actuelle du musée des Beaux-Arts de Bordeaux flirte avec le bonus dolus, tant on pourrait croire que l’on va nous servir pour la énième fois de beaux paysages colorés.
En réalité, Olivier Le Bihan, son directeur, a des visées plus ambitieuses. Il aspire tout à la fois à mettre en évidence un courant de la peinture moderne, ni académique ni impressionniste, de la fin du xixe siècle ; à démontrer que Bordeaux disposait d’une « scène artistique », comme on dirait aujourd’hui, et à réhabiliter deux peintres, le Bordelais Alfred Smith (1854-1936) et le Parisien Alfred Roll (1846-1919).
Les Salons de province
Une exposition courageuse quelque peu desservie par la séparation en deux lieux, même si cette séparation donne un squelette à un propos riche. La galerie des Beaux-Arts fait une plongée dans la sociologie de la IIIe République à travers Roll et ses contemporains, alors que l’une des ailes du musée présente des vues urbaines et campagnardes dont Smith est l’un des plus éminents paysagistes.
Le tropisme parisien des historiens de l’art occulte trop souvent les activités artistiques en province. Chaque grande ville disposait en effet d’une Société des amis des arts, qui organisait son Salon. Bien sûr ces Salons régionaux ne livraient pas de bataille, ils accueillaient principalement les peintres locaux et les invendus du Salon parisien. Mais ce faisant, ils contribuaient à éduquer le goût du public et constituaient une source économique pour les peintres. Celui de Bordeaux comptait parmi les plus actifs. Dominique Dussol, son meilleur historien, indique qu’en cinquante-quatre expositions, de 1851 à 1907, 5 911 œuvres furent vendues.
Des deux Alfred, c’est évidemment le Bordelais qui eut les plus grandes faveurs de la Société des amis des arts, même si son ami Roll a toujours reçu bon accueil. Celui-ci avait le bon goût à la fois d’envoyer des œuvres peu montrées à Paris, et surtout des créations entrant dans les « limites [bordelaises] acceptables de la modernité ». Pourtant, Roll est loin d’être un tiède, et ses audaces en font l’un des meilleurs représentants des peintres républicains et naturalistes.
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À côté des impressionnistes
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°599 du 1 février 2008, avec le titre suivant : À côté des impressionnistes