Art moderne

Karlsruhe (Allemagne)

Corot - Ambassadeur de France en Allemagne

Staatliche Kunsthalle - Jusqu’au 6 janvier 2013

Par Fabien Simode · L'ŒIL

Le 9 novembre 2012 - 401 mots

« Bientôt Corot. » La campagne menée par la Staatliche Kunsthalle de Karlsruhe pour annoncer sa rétrospective du peintre n’aura pas été vaine, le paysagiste parisien étant aux Allemands ce que le peintre Johann Wilhelm Schirmer est au public français : un illustre inconnu.

Mais l’institution du Bade-Wurtemberg prend, avec Corot, un risque mesuré qui s’inscrit dans la cohérence de ses collections riches en peintures françaises et, surtout, dans la continuité de sa programmation d’expositions qui a déjà vu passer en ces murs Chardin et Delacroix et qui accueillera, prochainement, Degas.

Les près de cent soixante œuvres signées Camille Corot (1796-1875), peintures, études, dessins, gravures et clichés-verre, qui ont fait le voyage à Karlsruhe (dont la majorité de prêts américains) retracent merveilleusement une carrière que les commissaires ont pris soin de replacer entre Poussin et Lorrain d’un côté, Cézanne et Redon de l’autre. L’enjeu était de taille : montrer un Corot moins ennuyeux qu’on ne le pense parfois, trait d’union entre classicisme et modernité. Le résultat est à la hauteur.

Sans surprise, le Corot paysagiste, si reconnaissable à ses lignes d’horizon tracées à mi-cadre et à ses ciels faussement nuageux, s’impose. Son Bois-Guillaume, d’après nature de 1822, premier numéro au catalogue raisonné, témoigne du goût du peintre dès son premier coup de pinceau pour ce qui fera son succès : les vues d’extérieur. Au milieu de quelques beaux morceaux comme Le Rageur de 1830, splendide chêne bellifontain que les commissaires ont planté face à un Ruisdael, le Souvenir de Mortefontaine (1864) venu du Louvre défend toujours son statut de chef-d’œuvre de l’artiste.

Mais l’exposition va plus loin et rappelle, après le Grand Palais en 1996, que Corot fut un peintre de figures aussi maladroit lorsqu’il s’agit de portraiturer sa mère qu’inspiré quand il donne corps à la Femme à la perle, « sa » Joconde. La réunion en un même lieu de ces portraits dévoile au passage un peintre étonnamment mélancolique. Jusqu’à peindre sa propre intériorité ? C’est ce que laisse entendre en tout cas le titre de l’exposition. Ses rêveries – Corot a lu Nerval – peintes d’après ses « souvenirs » de Ville-d’Avray pouvaient laisser imaginer ce que sa série, admirable, des Lac, effet de nuit aux reflets romantiques confirme. On savait Corot annonciateur de l’impressionnisme. On le découvre ouvert à un certain symbolisme.

Voir « Camille Corot, la nature et le rêve »

Staatliche Kunsthalle, Karlsruhe (Allemagne), www.kunsthalle-karlsruhe.de

Voir la fiche de l'exposition : Camille Corot. La nature et le rêve

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Cet article a été publié dans L'ŒIL n°652 du 1 décembre 2012, avec le titre suivant : Corot - Ambassadeur de France en Allemagne

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