Corneille, l’oiseau de toutes les couleurs

La Louvière (Belgique). Guillaume Corneille (1922-2010) n’est sans doute pas le plus connu des membres du mouvement CoBrA. De cette brève aventure artistique, trois ans, le peintre et dessinateur va retenir un goût pour l’expérimentation, le refus de tout discours théorique et une attirance pour les arts primitifs et pour les arts populaires. Tout au long de son œuvre, qui s’est poursuivie sur plus de sept décennies, l’homme oiseau a pratiqué l’estampe et expérimenté les techniques d’impression. Le Centre de la Gravure et de l’Image imprimée de La Louvière en donne un aperçu avec une sélection de 150 œuvres d’une grande cohérence dans sa diversité. La couleur est à la fête et le trait a souvent gardé sa vérité enfantine. Corneille s’amuse avec les styles, plongeant tantôt dans l’abstraction, tantôt dans les paysages ou les personnages surtout féminins. Observateur du monde, il peut réduire le skyline new yorkais à quelques traits, un été tropical à un joyeux désordre ou retenir d’un vol d’oiseau un bouillonnant écheveau de lignes et de couleurs. Quand il pense au paradis, c’est avec des chats, des oiseaux et une Ève étendue d’où se faufile un serpent langoureux. On sent dans son dessin et, notamment ses portraits féminins et les oiseaux omniprésents, un écho de l’esprit libertaire des années 60-70. Amoureux des images et grand lecteur, il rend hommage à Van Gogh, Fellini ou illustre Baudelaire, Andersen, Max-Pol Fouchet ou Hugo Claus. Éternel curieux, il passe par la céramique, le mobilier ou de nouvelles techniques d’impression comme la terragraphie qui utilise du sable du désert fixé par un vernis.

En conclusion du parcours, une magnifique série de sérigraphies de grande taille, rehaussées à l’aquarelle, qui illustre les aventures Pinocchio. Dans une grande jubilation des couleurs et des formes, personnages, marionnettes, animaux se laissent mener par le bout du nez.

Réalisées en 1973 pour un éditeur italien, ces images qui n’ont jamais été montrées depuis une quarantaine d’années ont gardé toute leur audace et leur évidence.