Entre « dépeindre » et « repeindre », la démarche photographique de Corinne Mercadier repose sur une attention toute particulière au réel.
Après avoir réalisé certains travaux constitués à partir de polaroïds rephotographiés et agrandis, d’une part de paysages solitaires, de l’autre d’objets peints sur verre, les Glasstypes, Corinne Mercadier s’est saisie de l’image d’Intérieurs. Ces deux dernières séries sont l’objet de l’exposition aux Filles du Calvaire. Quoique thématiquement très différentes, elles présentent de semblables qualités plastiques : tout y est conçu pour offrir à la lumière l’occasion de jeux irradiants qui s’emparent du motif, lequel n’opère que comme simple prétexte à une structuration de l’espace. Ce qui les rassemble encore réside dans un degré d’abstraction plus ou moins prononcé. Si le sujet des Glasstypes – vêtement, draperie, tissu... – disparaît quasi totalement au bénéfice d’une forme très énigmatique, l’univers quotidien que révèlent les Intérieurs est privé de tout repère précis. Tout est ici et là orchestré pour rendre compte d’une suspension et d’une diffusion. Le temps n’y est pas arrêté, il est à proprement parler annulé, comme s’il ne pouvait plus avoir d’emprise sur les choses et que celles-ci se fondent à l’ambiance créée par les jeux captés de la lumière. L’art de Corinne Mercadier est en fait requis par le jeu duel d’une apparition et d’une irradiation qui entraîne le réel à sa propre élucidation. Une sorte d’éblouissement y est à l’œuvre qui est le résultat de cette transformation qu’elle exerce sur le réel en cherchant à le sublimer.
Galerie Les Filles du Calvaire, jusqu’au 7 mai, cat. éd. Filigranes.
L’accès à la totalité de l’article est réservé à nos abonné(e)s
Corinne Mercadier, le réel sublimé
Déjà abonné(e) ?
Se connecterPas encore abonné(e) ?
Avec notre offre sans engagement,
• Accédez à tous les contenus du site
• Soutenez une rédaction indépendante
• Recevez la newsletter quotidienne
Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°505 du 1 avril 1999, avec le titre suivant : Corinne Mercadier, le réel sublimé