Depuis vingt ans déjà, Françoise et Jean-Philippe Billarant collectionnent. Dévoilées en partie dans “Passions privées” au Musée d’art moderne de la Ville de Paris, en 1995 , “leurs” œuvres se déploient jusqu’en avril dans les espaces du Nouveau Musée de Villeurbanne.
VILLEURBANNE. La première salle de l’exposition du Nouveau Musée annonce les grandes orientations de la collection de Françoise et Jean-Philippe Billarant. Sont en effet réunies des œuvres de Serra, Andre, Weiner, Toroni, Buren, Rutault, Downsbrough, les grands artistes américains de l’art minimal et conceptuel et les créateurs français qui leur sont proches. L’accrochage met ici face à face des pièces aux formes carrées et d’autres privilégiant la ligne, mais aussi des œuvres qui touchent le sol ou semblent tomber – les deux carrés d’acier de Basic Source (1987) de Richard Serra ; les toiles de la d/m 97, à remplir (1978) de Rutault ; les empreintes de pinceau n° 50 à intervalles réguliers de 30 cm, par Toroni – et d’autres, de Buren, d’Andre ou de Downsbrough, qui paraissent au contraire s’élancer. Ces oppositions ne sont peut-être pas étrangères aux principes de la philosophie chinoise exposés dans le I-Ching. Forces et réalités du monde sont dans cette pensée divisés en deux : le yin, qui correspond notamment à la terre, et le yang correspondant au ciel. Les interactions incessantes entre ce couple positif/négatif créent toute action et toute vie. Ces questions ne sont pas fortuites dans cette collection qui reflète une certaine recherche de l’équilibre.
Esthétique minimale
Après cette première salle, deux Date Paintings d’On Kawara situent dans le temps le visiteur, avant de le perdre dans l’espace délimité par la pièce de Krijn de Koning commandée par le couple de collectionneurs et réalisée ici pour la première fois. De salle en salle, d’œuvre en œuvre, la collection relève d’une unité remarquable, seules les œuvres signées “Les ready made appartiennent à tout le monde” étant quelque peu en marge. Fidèles à une esthétique minimale, rigoureuse dans la forme, jouant volontiers de la géométrie, et à un ensemble de problématiques, en particulier celles du rapport de l’œuvre au lieu, les collectionneurs sont également constants dans leur soutien aux artistes. L’exposition compte pas moins de six œuvres de Carl Andre et de Niele Toroni, cinq de Daniel Buren, quatre de Peter Downsbrough, de Claude Rutault et de Sol LeWitt, trois de François Morellet et de Lawrence Weiner. De nombreuses pièces sont d’ailleurs de dimensions muséales, à l’image de la Cabane éclatée n° VIII (1989) de Daniel Buren ou des Cinq cercles concentriques noirs (1993) de Felice Varini. Dans la même ligne, “Le bel aujourd’hui” comprend également des travaux de Barry, Bart, Charlton, Honegger, Joumard, Lavier, Sandback, Verjux, Vermeiren, et Kosuth avec le remarquable Frame de 1965. Cette collection n’est pourtant pas le seul domaine d’action des Billarant : ils jouent aussi le rôle de mécènes pour des compositeurs tels que Philippe Manoury et Emmanuel Nunès.
LE BEL AUJOURD’HUI, ŒUVRES D’UNE COLLECTION PRIVÉE, jusqu’en avril, Le Nouveau Musée/Institut, Frac Rhônes-Alpes, 11 rue Docteur-Dolard, Villeurbanne, tél. 04 78 03 47 00, tlj sauf mardi 13h-18h.
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Contemporain : fruits de la passion
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°51 du 3 janvier 1998, avec le titre suivant : Contemporain : fruits de la passion