Début Du Xxe Siècle - Le point de départ de l’exposition estivale du Musée Courbet est un tableau méconnu de Gustave Courbet (1819-1877), Les Lutteurs.
Cependant, il n’est pas exposé : ce tableau qui représente deux hommes en train de lutter, peint pour le Salon de 1853, est aujourd’hui conservé au Musée des beaux-arts de Budapest, dont il ne quitte jamais les cimaises. De lui, on voit simplement, dans la première salle de l’exposition, une photographie d’époque de Victor Laisné, prêtée par la Bibliothèque nationale de France. Simplement ? Ce cliché révèle un tableau quelque peu différent de celui que l’on connaît. Sur la peinture conservée à Budapest, l’arrière-fond ne permet pas de déterminer le lieu de l’action. Or, à Ornans, le corps à corps se déroule dans l’hippodrome des Champs-Élysées. Quel pied de nez pour les gens de la haute société qui fréquentaient ce lieu huppé et méprisaient les luttes libres venues du milieu forain ! Est-ce pour atténuer le caractère scandaleux du tableau que Courbet en a modifié le décor après le Salon ? À travers plus de deux cents œuvres et objets célébrant les corps de ces colosses modernes, le parcours met en lumière le point de bascule que constitue l’œuvre de Courbet. Alors que les spectacles de lutte, très appréciés par les classes populaires, se développent, les artistes confrontent, après Courbet, l’idéal antique et les costauds contemporains. Leurs œuvres dialoguent avec les affiches, les photographies, les cartes postales et les objets, comme l’étonnant « essieu d’Apollon » de 166,5 kg considéré comme l’objet le plus lourd au monde. Soulevé par l’athlète Louis Uni – surnommé « Apollon » pour sa musculature – à la fin du XIXe siècle, puis en 1930 par le champion de lever de poids Charles Rigoulot, qui devient lutteur par la suite, cet haltère évoque la médiatisation des athlètes modernes entre la fin du XIXe et le début du XXe siècle. De quoi impressionner petits et grands et éclairer l’engouement pour les futurs champions des Jeux olympiques 2024.
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Colosses des temps modernes
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°777 du 1 juillet 2024, avec le titre suivant : Colosses des temps modernes