Jean Cocteau (1889-1963) est un alchimiste du verbe et un grand dessinateur, capable de baroqueries dignes de Gustave Moreau ou d’épures serpentines proches d’Henri Matisse.
Cocteau est un bricoleur orphique dont l’inventivité le dispute à la hardiesse, ce que nombre d’événements, à l’occasion du cinquantième anniversaire de sa mort, permettent de découvrir. Mieux, de redécouvrir, tant fut scruté ce héraut étoilé de la condition moderne.
L’exposition du Musée des lettres et manuscrits s’inscrit donc dans une vaste programmation anniversaire dont elle entend être une bougie majuscule. Déployé en six haltes chronologiques, depuis la mélancolie de l’enfance jusqu’aux fulgurances du crépuscule, le parcours enchevêtre dessins, lettres, manuscrits et ouvrages avec un sens éprouvé de la cacophonie – scientifique et scénographique. Riche de pièces majeures, la section consacrée au Mystère de Jean l’Oiseleur (1924-1925) ne consolera pas le curieux qui, par un jeu semblable à celui du marabout-bout de ficelle, rencontre l’incontournable Jean Marais, puis l’inévitable Édith Piaf, éteinte le même jour qu’un Cocteau, réduit au triste sort de chroniqueur mondain. Il s’en fallut de peu que le visiteur ne croisât Louis de Funès ou Georges Moustaki. Aussi, pour vraiment célébrer le poète, sera-t-on avisé de lire le texte de Michel Deguy, paru dans le catalogue de la mémorable exposition du Centre Pompidou (2004), ou le remarquable Proust contre Cocteau que Claude Arnaud vient de publier chez Grasset. Bougies autrement tenaces.
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Cocteau, triste sort
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Abonnez-vous dès 1 €Musée des lettres et manuscrits, 222, boulevard Saint-Germain, Paris-7e, www.museedeslettres.fr
Cet article a été publié dans L'ŒIL n°663 du 1 décembre 2013, avec le titre suivant : Cocteau, triste sort