Avec plus de soixante-dix œuvres provenant de fonds privés ou de musées des États-Unis, d’Écosse, d’Allemagne, d’Espagne, le Musée national de la Renaissance reconstitue, pour la première fois, une partie de la fabuleuse collection réunie, au XVIe siècle, par le grand écuyer d’Henri II, Claude Gouffier, comte de Caravas.
ÉCOUEN - D’une richesse légendaire, au point d’inspirer à Perrault le fameux marquis de Carabas de son Chat botté, Claude Gouffier (1500-1570) fut indéniablement l’un des plus grands mécènes français de la Renaissance. Collectionneur insatiable, il recréa dans son fastueux château d’Oiron (Deux-Sèvres) un véritable "Fontainebleau poitevin".
François Clouet, Pierre Foulon – peintre anversois – Bernard Pallissy, ou encore les Juste – dynastie de sculpteurs italiens installés en France – travaillèrent à son service. Issu d’une lignée très en faveur auprès de la famille royale et nommé premier gentilhomme de la Chambre sous Henri II, ses richesses susciteront la convoitise des plus hauts personnages de la Cour. À sa mort, le duc d’Aumale, et même la reine-mère, Catherine de Médicis, se portent acquéreurs de ses biens.
Un fin lettré
Soixante-dix peintures, enluminures, sculptures, manuscrits, armes et objets d’art pourront paraître bien peu de chose au regard des quelque mille six cents œuvres d’art acquises par le mécène... Les pièces présentées n’en demeurent pas moins d’une haute valeur artistique. On en jugera à la seule vue du Raphaël, Saint Jean-Baptiste au désert, du Louvre, présenté ici avec deux copies anciennes, sans doute commandées par Claude Gouffier à Giulio Romano et pendant longtemps attribuées à Raphaël. Figurent également de nombreux portraits, dont un de Claude Gouffier, que Thierry Crépin Leblond, commissaire de l’exposition, donne à Clouet.
Les grands manquants de l’exposition sont la Pietà de Chérubin, conservée à la Galerie nationale de Dublin, trop fragile pour être transportée, qui pendant longtemps porta visiblement les armoiries de Gouffier, et surtout, la pièce la plus fameuse de la collection : le Portrait de Jean Le Bon du Louvre.
Un autre aspect du mécénat de Claude Gouffier, qui fut aussi un fin lettré, est la bibliophilie, particulièrement bien représentée grâce à des prêts de la Bibliothèque de Glasgow et de la Pierpont Morgan Library.
"Les Trésors du grand écuyer. Claude Gouffier, collectionneur et mécène à la Renaissance", Musée national de la Renaissance, 95440 Écouen, jusqu’au 27 février.
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Claude Gouffier, mécène
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°9 du 1 décembre 1994, avec le titre suivant : Claude Gouffier, mécène