On ne naît pas impunément dans un pays féru de psychologie. Le travail du photographe suisse Christian Vogt se place ainsi dans une perspective qui dépasse le strict domaine de la prise de vues. Le dialogue, fut-il muet, avec le sujet importe au moins autant que la manière de le cadrer dans l’objectif. Poser pour lui n’est pas toujours chose facile. Cela ressemble à un combat, un affrontement entre le prédateur et sa proie. Le résultat n’en laisse rien paraître, mais le déclic qui s’est produit dépasse le bruit du déclencheur. « Il m’est souvent arrivé que des hommes ou des femmes me disent, après la séance de photographie, qu’ils en savaient plus sur eux-mêmes qu’auparavant. »
La grande habileté de Vogt tient, comme ici avec cette nouvelle série en couleur, dans son pouvoir de rendre belle la banalité, d’attirer le regard vers des femmes qu’autrement l’on n’aurait pas remarquées. Le plus étonnant reste la confiance de ces modèles envers celui qui tient à en révéler la vérité. Une vérité qu’il veut différente de ce que d’autres appelleraient « réalité ». Vogt possède le talent d’un géomètre, éliminant le détail superflu, réduisant la composition à l’essentiel : un jeu de lignes où l’on finit par se demander si le corps n’est pas aussi un prétexte à redéfinir l’espace. Les portraits exposés à Zürich semblent obéir à cette logique, dans une répétition de poses qui ne font qu’accentuer les caractères individuels de chaque portrait.
ZÜRICH, galerie Zur Stockeregg, jusqu’à fin avril.
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Christian Vogt, le révélateur
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°515 du 1 avril 2000, avec le titre suivant : Christian Vogt, le révélateur