Chefs-d’œuvre expressionnistes

L’exposition réunit cent quarante œuvres parmi les plus importantes du courant expressionniste en Allemagne de 1905 à 1937. Il est constitué de deux groupes : Die Brücke (« Le pont »), fondé à Dresde en 1905, avec Kirchner, Heckel, Schmidt-Rottluff, Nolde, Pechstein… et le Blaue Reiter (« Le cavalier bleu »), créé en 1911 à Munich autour de Kandinsky et de Franz Marc, avec Macke, Münter, Jawlensky… L’histoire rassemble sous l’appellation expressionniste ces deux groupes, cependant on ne peut pas parler de caractéristiques globales et typiques marquant le style « expressionniste ». Si l’on considère par exemple les tableaux de Kirchner et Kandinsky, les contrastes et les éléments qui les séparent semblent prendre le pas sur une ressemblance stylistique reconnaissable. Les différences entre les peintres de Munich et ceux de Dresde sont manifestes. Pour Kirchner et les siens, la couleur est « tempête ». Le nu est le sujet dominant, et la représentation du corps d’abord inspiré du Jugendstil fait place à des hachures nerveuses en angles aigus. Ils se réclament de Munch, Van Gogh. Kandinsky et les autres membres prônent quant à eux une nature pure, la transcription d’une réalité harmonieuse et musicale, un symbolisme influencé par Gauguin. L’expressionnisme se révélera être davantage l’expression d’une conception de la vie ressentie par une jeune génération qui rejette les structures sociales et politiques dominantes et cherche de nouveaux modèles. Les expressionnistes créent un monde utopique au moyen d’une communauté de vie simple propre à la création et dictée par le rythme de la nature. À la fin des années 1920, l’ensemble des artistes présents subirent la terreur de l’iconoclastie nazie et furent considérés comme « dégénérés ». Ceux-là mêmes joueront un rôle essentiel dans l’évolution de l’abstraction et de l’art européen.