Discret, le sculpteur Charles Ray, né à Chicago en 1953 et vivant à Los Angeles, l’est autant dans la vie que sur les cimaises.
Invité aujourd’hui au Kunstmuseum de Bâle, ce grand timide perfectionniste, pouvant travailler des années sur une même pièce, n’avait pas bénéficié d’une exposition personnelle en Europe depuis 1996 (excepté à Oslo). On se souvient néanmoins de son Boy with Frog, un nu de 2,40 m en acier peint en blanc trônant à la Punta della Dogana jusqu’à ce que les Vénitiens exigent son retrait en 2013. Le voilà de nouveau visible à Bâle, David prépubère brandissant un Goliath amphibien. « Le sens de la sculpture réside dans l’espace entre la grenouille et l’enfant », dit Ray. Ce qui se raconte est d’abord une histoire de surfaces, de poids, de proportions, de forces. Dans cette belle présentation, qui s’offre le luxe d’une ou deux œuvres par salle, entre perspectives et enfilades, et où la grue fut parfois d’un grand secours, l’art figuratif de Ray se découvre plus complexe qu’on ne l’aurait cru. Plus minimaliste que vraiment naturaliste, avec cette alternance entre zones abstraites et ultra détaillées ; moins néo-pop à la Jeff Koons qu’héritier de la sculpture antique. Ses modèles (amis, tracteur, clocharde) sont nos contemporains, bien réels, mais incarnent davantage une idée (de l’enfance), une tendance psychologique qu’un strict portrait. Le modelage coexiste avec la modélisation 3D. Déesse manufacturée, une Pontiac accidentée, moulée puis remontée pièce par pièce, enrobe sa violence et sa démesure dans un gris duveteux. À la fois dense et spectrale.
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Charles Ray en quinze sculptures
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Abonnez-vous dès 1 €Kunstmuseum, St. Alban-Graben 16, Bâle (Suisse), www.kunstmuseumbasel.ch
Cet article a été publié dans L'ŒIL n°671 du 1 septembre 2014, avec le titre suivant : Charles Ray en quinze sculptures