Après le sacre de Girodet au musée du Louvre, c’est au tour de son contemporain, Charles Meynier, de recevoir les honneurs d’une première rétrospective.
En 1789 déjà, les deux peintres lauréats du Grand Prix de l’Académie partageaient le devant de la scène. Au regard de la postérité, la comparaison tourne à la défaveur de Meynier qui devait rester dans l’ombre de David et surtout de ses élèves. Mais aujourd’hui, le musée Magnin à Dijon réhabilite l’une des figures artistiques majeures de l’Empire. Cette juste reconnaissance concerne deux facettes de l’art de Meynier : celle de dessinateur virtuose et celle, plus inattendue, de décorateur, à l’origine du renouveau de la peinture de plafond en France.
C’est sans doute dans le dessin que le talent et la culture de Charles Meynier s’expriment le mieux.
Sa réputation d’artiste érudit tient notamment dans le choix de ses sujets complexes qu’il tire de ses lectures approfondies de Plutarque ou d’Apulée. Les amateurs ont collectionné, de longue date, ses grands dessins de la taille de ses tableaux. Conçus comme des modelli, ils ne leur manquent que la couleur. La lumière vient des rehauts de blanc, comme dans Les Nymphes de Parthénope. La rigueur des compositions n’autorise aucune hésitation à l’exception de l’étude pour Le Triomphe de la peinture. Son caractère préparatoire comportant de nombreux repentirs rappelle la perte de ses feuilles d’études excepté quelques dessins de son séjour italien.
Peintre d’histoire, Charles Meynier devient avec l’Empire l’un des peintres officiels majeurs auquel on confie l’illustration de la légende napoléonienne. Ses tableaux remarqués au Salon lui procurent de nombreuses commandes prestigieuses, dont celles des décors pour les palais et résidences du pouvoir.
Pour la salle des Empereurs au Louvre, il peint en 1802 ses premiers plafonds, dont l’Allégorie pour la naissance du Roi de Rome, transformée après les événements de 1814 en Allégorie pour la naissance de Louis XIV. Sous la Restauration, Meynier devient « le peintre de plafond par excellence » et compose pour le Louvre, les Tuileries, le Palais du Luxembourg ou celui de la Bourse, des décors allégoriques évoqués dans l’exposition grâce aux nombreuses esquisses présentées.
« Charles Meynier », Musée national Magnin, rue des Bons-Enfants, Dijon (21), tél. 03 80 67 11 10, www.musee.magnin@culture.fr, jusqu’au 12 octobre 2008.
Cet article a été publié dans L'ŒIL n°605 du 1 septembre 2008, avec le titre suivant : Charles Meynier, un décorateur sous la lumière