« L’art de Chana Orloff manie une naïveté petit-nègre à un humour d’une cocasserie raffinée… […] Considérez ces personnages : des caricatures, point. Des stylisations nettes, précises, affirmées. » Écrit en 1918, cet hommage d’un critique à la sculptrice russe souligne son apport à l’école de Paris.
Arrivée en France huit ans plus tôt, Chana Orloff (1888-1968) assimile les leçons du cubisme et travaille à épurer les volumes jusqu’à créer sa formule personnelle – mélange de dynamisme et de capacité à saisir d’une ligne le propre d’un modèle. Son talent se décline aussi bien dans ses nus et bestiaires que dans les nombreuses maternités exécutées par l’artiste. Surtout, elle lui vaut de se mêler à la bohème artistique de Montparnasse (elle y côtoie notamment Modigliani, à qui elle présentera Jeanne Hébuterne) et de devenir l’une des portraitistes les plus courues de l’entre-deux-guerres.
C’est à cette Chana Orloff-là, plus qu’à celle d’après 1945, que la galerie Vallois sculptures modernes confie le soin d’inaugurer un cycle d’expositions dédié à la Russie. « Question de goût », précise Robert Vallois : exilée en Suisse pendant la guerre afin d’y fuir l’antisémitisme nazi, Chana Orloff quitte alors sa rondeur pour des formes plus âpres.
Mais si la vingtaine d’œuvres exposée chez Vallois fait la part belle à l’entre-deux-guerres, on y trouve curieusement peu de portraits. Leur ont été préférés maternités et nus en bronze, ainsi que deux danseuses en bois datées de 1914 – sans doute la pièce maîtresse de l’exposition.
« Hommage à Chana Orloff », galerie Vallois, 35 et 41, rue de Seine, Paris VIe, www.vallois.com, du 1er au 30 avril 2010.
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Chana la Russe
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Abonnez-vous dès 1 €Chana Orloff, Deux danseuses, 1914, bois, 78,5 x 18,7 x 20 cm, Galerie Vallois, Paris.
Cet article a été publié dans L'ŒIL n°623 du 1 avril 2010, avec le titre suivant : Chana la Russe