MONACO
Michel Blazy se pose plein d’intéressantes questions : La nature existe-t-elle ? La nature est-elle figée ? La nature est-elle naturelle ? Trois œuvres exposées au rez-de-chaussée de la Villa Sauber tentent de répondre à ces interrogations fondamentales.
La première réponse est claire : la nature n’existe pas. La preuve : cette peau de crocodile, trophée tout plat qui s’étale triomphalement sur le sol, est visuellement un (presque) convaincant piège-œil. Cette chose imposante n’a en fait rien à voir avec le gros reptile, si redoutable quand il est vivant ! C’est tout simplement un leurre en coton, crème dessert au chocolat, tapioca et jus de betterave.
L’œuvre suivante semble apporter une réponse beaucoup plus cartésienne à la deuxième question. La nature n’est pas figée puisque les fruits et légumes recouverts de colle à papier peint apparaissent clairement soumis à une lente liquéfaction. C’est vérifiable en passant les scruter attentivement tous les quinze jours.
La troisième réponse est encore, s’il se peut, plus tranchée : si des herbes et autres plantes acceptent de se développer sereinement dans des chaussures de sport éculées tout aussi bien que dans des pots traditionnels, c’est qu’on en est arrivé à une époque de décadence si brillante que le plus modeste herbacé peut enfin oser les transgressions les plus subversives. Laissons le mot de la fin à l’artiste, né à Monaco en 1966 : « J’appartiens à la vaste famille de ceux qui ont tenté de représenter le vivant à travers le temps et les civilisations. »
« Michel Blazy »,
Nouveau Musée national de Monaco, Villa Sauber, 17, avenue Princesse-Grace, Monaco, www.nmnm.mc
Cet article a été publié dans L'ŒIL n°710 du 1 mars 2018, avec le titre suivant : C’est quoi, la nature ?