Liés à la musique, à la danse, au théâtre ou à la poésie, plus de 200 œuvres et documents retracent une part moins connue des activités de la Fondation Maeght.
SAINT-PAUL-DE-VENCE - Dans le cadre de la célébration de son cinquantenaire, la Fondation Maeght ne propose pas cette fois un aperçu des toiles ou des sculptures « vedettes » de sa collection, mais évoque des rencontres entre les arts visuels et d’autres disciplines (musique, danse, théâtre, poésie, littérature, philosophie), qui ont donné lieu à ce que l’on appellerait aujourd’hui des performances. La liste des who’s who ayant fréquenté la fondation est éloquente : Merce Cunningham et John Cage, La Monte Young et Albert Ayler, Pierre Boulez et Karlheinz Stockhausen ou encore René Char et Jacques Derrida. Photographies, vidéos et documents sonores racontent ainsi nombre d’événements qui se sont déroulés pendant les « Nuits de la Fondation », de 1965 à 1970.
Toutefois, en citant Malraux pour le titre de l’exposition, « Ceci n’est pas un musée », Olivier Kaeppelin, le directeur des lieux, souhaitait éviter la vision figée d’un passé, aussi glorieux soit-il. Pour ce faire, il a fait appel à des artistes contemporains qui s’intéressent aux échanges entre les arts. Certes, le phénomène n’est pas nouveau ; il remonte aux poèmes Voyelles de Rimbaud, Correspondances de Baudelaire, ou à la synesthésie pratiquée par les symbolistes et les pionniers de l’abstraction. Mais le mérite de l’exposition est de proposer une grande diversité d’associations imaginées par les créateurs, même si toutes ne présentent pas le même intérêt.
Ainsi, Piano solo d’Alain Lestié, poète et écrivain, nous emmène dans un monde parallèle où le dessin, d’une finesse exceptionnelle, semble traversé par une musique inaudible à l’œil. Ailleurs, les figurines blanches de Claudine Drai, plasticienne et écrivaine qui intègre souvent l’olfaction dans ses créations, sont les « acteurs » des spectacles qui sont montés à partir de ses textes. On est moins convaincu par l’œuvre de Damien Deroubaix, à qui la manifestation accorde une place importante, voire démesurée. Si les dessins et les gravures réalisés à partir d’œuvres de Picasso engagent un véritable dialogue avec l’artiste espagnol, la très grande tapisserie World Downfall (2014), inspirée par Guernica, souffre de cette comparaison.
Univers carnavalesque
Parmi les œuvres les plus spectaculaires figure celle de Miró, artiste emblématique de la Fondation. Il s’agit du décor et des costumes qu’il a réalisés pour le spectacle « Mori el Merma », présenté par la troupe de La Claca en 1979. Placés face à Germaine Richier et ses hybrides inquiétants, les animaux bariolés de Miró forment un univers carnavalesque et débridé.
Jörg Immendorff, Gérard Fromanger, François Rouan ou encore Lars Fredrikson et ses bandes-son qui semblent venir d’ailleurs complètent ce parcours original mais un peu éclaté. « C’est l’esprit que nous célébrons, l’esprit de ce lieu aussi intense qu’intemporel, qui sert l’art et la pensée », écrit Kaeppelin. Sans doute, mais rien de plus difficile que de rendre un esprit visible. Le spectateur, lui, peut comprendre la nature des liens entre les œuvres et leur contexte musical ou théâtral à l’aide des textes pédagogiques précis qui accompagnent le trajet.
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Ceci est l’esprit du lieu
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Abonnez-vous dès 1 €Jusqu’au 15 mars, Fondation Maeght, 623, Chemin des Gardettes, 06570 Saint-Paul-de-Vence, tél. 04 93 32 81 63, , tlj 10h-18h, entrée 15 €, www.fondation-maeght.com
Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°427 du 16 janvier 2015, avec le titre suivant : Ceci est l’esprit du lieu