L’exposition estivale proposée à la villa Arson à Nice s’intègre dans le programme « Centre d’art en Europe ». Il associe depuis quelques années pas moins de sept centres d’art, affiliant en une même intention Luxembourg, Nice, Linz ou Gdañsk. L’occasion d’ébaucher une réflexion sur une identité culturelle européenne encore frileuse, en particulier dans le domaine des arts plastiques. C’est aussi l’occasion d’établir cette année une exposition commune, activée de façon quasi simultanée dans les sept centres d’art. « Shake » installe donc le fruit des rencontres et débats moissonnés au gré des échanges. La villa Arson, associée à l’OK Centrum de Linz, a choisi de s’arrêter sur le leitmotiv périlleux de l’identité nationale, à la lumière de la mondialisation. Une piste obstinément arpentée pour un postulat collectif difficile à articuler, avec, pour preuve, les propositions déjà soumises par Catherine David, en particulier lors de la précédente Biennale de Venise ou de la Dokumenta X. Le parcours examine en un égrénage laconique les stratégies mises en place par des artistes tels que Tim Sharp, Ross Sinclair, Dennis Adams ou Adel Abdessemed, pour dire, représenter ou dénoncer ce que génère la machine nationale et questionner ce qu’il subsiste de la notion politique de nation. On pourra regretter le choix de la présentation d’une seule œuvre par artiste, rendant celle-ci difficile à raccorder à l’univers artistique de chacun des intervenants. Engagement d’un parcours, ou travail de circonstance, il manque pour quelques-uns des invités moins familiers qu’un Ben ou qu’un Jota Castro de quoi alimenter le regard. Le parcours établit néanmoins quelques traits saillants et inflexions communes, emmenées en amorce par l’épais projet de Juan Esteban Sandoval qui imagine un territoire hybride, redessinant une carte métissée de Nice et de Linz. De territoire et de fiction il est encore question avec le groupe Stalker ou le projet SOS de Robert Jelinek, improbable entité souveraine, dont il décline le fonctionnement sérieusement absurde. Aux côtés de propositions plus démonstratives, contestataires ou réparatrices, surgissent encore quelques œuvres plus légères et distanciées, à l’image de Stéphane Bérard ou de Saâdane Afif pour former un ensemble qui confirme sans doute la difficulté (l’impossibilité ?) de se saisir d’un tel champ de représentation, en particulier lorsque l’exposition se voit privée de développements monographiques.
« Shake », NICE (06), villa Arson, 20 av. Stephen Liégeard, tél. 04 92 07 73 73, jusqu’au 4 octobre.
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Cartes d’identité
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°561 du 1 septembre 2004, avec le titre suivant : Cartes d’identité