À l’occasion du 400e anniversaire de la venue du Caravage en Sicile, une exposition présente à Trapani une œuvre redécouverte du maître lombard
TRAPANI - Après Malte, le Musée régional Pepoli accueille, jusqu’au 14 mars, l’étape sicilienne de
« Caravage. L’image du divin », une exposition conçue par le spécialiste de la peinture baroque italienne, Sir Denis Mahon.
À Trapani sont réunies quatorze œuvres, pour la plupart tardives, sélectionnées par l’historien de l’art et collectionneur britannique pour célébrer le 400e anniversaire du passage du maître lombard en Sicile. Les dernières années de Michelangelo Merisi da Caravaggio (1571-1610), et sa période sicilienne en particulier, sont marquées par une spiritualité et une réflexion sur l’Histoire, comme en témoignent La Résurrection de Lazare (1608-1609) et L’Adoration des bergers (1609), provenant du Musée régional de Messine. Cette présentation est également l’occasion de confronter des tableaux problématiques, pour susciter le débat et enrichir les connaissances. C’est le cas des deux versions du Sacrifice d’Isaac, la nocturne de Modène et la matinale de Princeton (v. 1598), et de toiles à l’attribution discutée comme L’Extase de saint François d’Udine, La Décapitation de saint Jérôme de Palestrina (Rome), ou le Saint François méditant (v. 1605) de l’église de l’Immaculée Conception à Rome.
Beauté des carnations
La véritable grande nouveauté de l’exposition est la découverte présentée par Mina Gregori le 8 novembre, jour du 97e anniversaire de Denis Mahon : une huile acquise aux enchères par l’historien de l’art en décembre 2006 pour 50 000 livres sterling (66 500 euros), pièce restaurée et reconnue comme une réplique autographe du Caravage du célèbre tableau des Tricheurs, présent dans l”es collections du Kimbell Art Institute, à Fort Worth, au Texas. Nombreux sont les arguments en faveur de cette thèse : l’absolue certitude de Mina Gregori et Denis Mahon ; la très grande qualité du tableau ; la beauté des carnations ; l’excellent traitement des différentes parties de la composition, comme les culottes rayées rose et or du tricheur figurant sur la droite que l’on retrouve dans les deux versions. Enfin, des analyses scientifiques, parmi lesquelles les radiographies et les réflectographies infrarouges, mettent en évidence les tics du maître, des repentirs, des traces d’incision, des superpositions. Sans compter la provenance : la collection du médecin major anglais Thwaytes d’où vient le tableau Les Musiciens, acheté en 1952 par le Metropolitan Museum of Art à New York.
Selon Mina Gregori, le cardinal Del Monte, protecteur du Caravage, aurait passé commande d’une réplique après avoir vu le tableau aujourd’hui présenté à Trapani. Cette seconde version ne serait autre que le tableau de Fort Worth, comme l’a révélé le timbre du cardinal découvert derrière la toile en cours de restauration. L’œuvre réapparue, achetée par Mahon et destinée à rejoindre les collections de l’Ashmolean Museum à Oxford (Grande-Bretagne), serait donc la première version des Tricheurs. Dans ce tableau, le point de vue est surélevé et la perspective quadrangulaire varie ainsi de la version de Del Monte. Ces différences viennent étayer la thèse de la redécouverte, car il est impensable pour un copiste de changer la perspective d’un tableau original.
CARAVAGE. L’IMMAGINE DEL DIVINO, jusqu’au 14 mars, Musée régional Conte Agostino Pepoli, via Conte Agostino Pepoli 180, Trapani, Sicile, tél. 39 0923 545 512, tlj sauf lundi 10h-19h, www.caravaggioimmaginedeldivino.com
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Caravage le tricheur
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°273 du 18 janvier 2008, avec le titre suivant : Caravage le tricheur