Candice Breitz, iconolâtre

Décidément, la jeune trentenaire sud-africaine Candice Breitz a le don d’ubiquité. Elle est partout en ce début d’année, au Danemark, à Avignon et à Monaco où elle a exposé après avoir reçu le prix Prince Pierre de Monaco. Cette fois-ci, elle déploie les vingt-cinq écrans plasma de sa gigantesque installation multimédia, Working Class Hero (A Portrait of John Lennon) réalisée en 2006. Pendant quarante minutes, on y voit des fans français, américains, japonais et britanniques vivrent les chansons du premier album de l’ex-Beatles, s’époumoner ou incarner avec émotion les mots du maître, sur karaoké.

Breitz excelle dans cet exercice d’analyse de la puissance des images de la culture pop aux franges de l’idolâtrie. Scannant ce public démiurge qui fabrique les popstars et les porte au firmament autant qu’il les vampirise, l’installation technologique de Breitz parvient à atteindre l’émotion sans cynisme. En y ajoutant ses Monuments, quatre grands tirages de Britney Spears, des mythiques Abba, et aussi Grateful Dead et Iron Maiden dans un genre plus viril, elle rejoue la querelle des images tout en désamorçant une quelconque velléité hystérique. La jeune artiste maîtrise parfaitement sa partition héritée du spécialiste incontesté du genre, Andy Warhol.
Que ceux qui n’avaient pas prévu d’aller au Danemark se rassurent, ces deux pièces font partie de l’exposition que la fondation Lambert à Avignon consacre à Candice Breitz jusqu’en mai prochain.