Cadavre exquis

Dépourvue de contextualisation, l’image d’une femme s’apprêtant à tirer avec son fusil extraite de la série Le Tableau de chasse (2003-2010) ouvre ainsi à différentes interprétations. On la retrouve en préambule du deuxième volet de la rétrospective de son travail présenté aujourd’hui au CPIF aux côtés du masque en papier d’Alphonse Bertillon, inventeur de la photographie judiciaire, réalisé par Stéphanie Solinas à partir des propres codifications établies par Bertillon lui-même. L’association non dépourvue d’humour donne le ton d’un propos alerte dans la mise en écho de leurs différents travaux où l’identité d’un individu, d’un acte ou d’une chose, et les différentes interprétations que l’on peut en faire, sont sans cesse interrogés. Cas, par exemple, pour Gilles Saussier d’une tombe creusée en Roumanie ou pour Stéphanie Solinas des portraits de défunts en médaillon sur les tombes du Père Lachaise aux visages effacés par le temps. Ils ont également en commun de produire pour chaque projet une formulation spécifique. Leur « cadavre exquis », créé spécialement pour leur dialogue au CPIF à partir d’objets ou de photographies, personnels ou non, porte quant à lui l’esprit de défunts et « des sentinelles » qui hantent leur création.