On l’a connu radical, minimal, conceptuel, éclaté, marmoréen, « circassien », monumental, etc., le voilà ludique.
L’exposition de Daniel Buren « Comme un jeu d’enfant, travaux in situ », que l’on peut voir au Musée d’art moderne et contemporain de Strasbourg, est tout à la fois intelligente et merveilleuse. Intelligente, parce qu’appliquant ce qui fait la marque de son style depuis qu’il s’est notamment emparé de la coupole du Guggenheim de New York, il a réussi une efficace opération de subversion de l’espace en emplissant de couleurs le grand hall froid et minéral du musée. Les films colorés qui en recouvrent la façade vitrée en damiers fait basculer celui-ci dans un immense bain festif qui joue des reflets et autres projections lumineuses sans empêcher en rien la visibilité sur l’extérieur. Comme si ce lieu n’avait qu’attendu Buren pour pleinement exister. Où l’exposition strasbourgeoise est merveilleuse, c’est dans la grande salle de 600 m2. Comme l’indique le titre, Buren a jeté son dévolu sur tout un jeu de formes géométriques élémentaires, semblables à celles en bois coloré qu’on offre aux petits et qui leur servent à échafauder toutes sortes de constructions abstraites les plus simples qui soient. L’artiste a ainsi occupé l’espace de tout un ensemble de pièces porté au format monumental, pour moitié immaculé, pour moitié richement coloré. Celles-ci configurent comme un site architectural entre les pièces duquel le visiteur est invité à déambuler et à travers lesquelles Buren a disposé une trouée perspective qui unifie l’espace. Il y va d’une subtile synthèse entre les Architectones de Malevitch, la féerie d’un Calder et le plaisir fragile d’un jeu de construction, l’artiste signant là l’une de ses plus éblouissantes créations.
Versant architecture, on retrouve aussi Buren à Marseille, au Centre d’art de la Cité radieuse, sur le toit-terrasse du Corbusier : un dialogue tout en couleurs, en jeux perspectifs et en points de vue exaltés qui transforme la vue sur le plus célèbre toit-terrasse de Marseille en mire – les anciens s’en souviennent – de télévision. Et procède de cette permanente volonté de l’artiste à nous faire voir autrement les lieux où il intervient.
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Buren sur tous les fronts
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Abonnez-vous dès 1 €« Daniel Buren. Comme un jeu d’enfant, travaux in situ »
Musée d’art moderne et contemporain, 1, place Hans-Jean-Arp, Strasbourg (67), www.musees.strasbourg.eu
« Daniel Buren. Défini, Fini, Infini, travaux in situ »
MaMo - Centre d’art de la Cité radieuse, Unité d’habitation Le Corbusier, 280, boulevard Michelet, Marseille (13), www.mamo.fr
Cet article a été publié dans L'ŒIL n°671 du 1 septembre 2014, avec le titre suivant : Buren sur tous les fronts