Bruce Nauman est un immense artiste, clef de voûte de toute une part de la production contemporaine versant vidéo, son et installation.
Né en 1941, originaire de l’Indiana, l’artiste a développé une œuvre polymorphe dont le corps est le vecteur cardinal. L’exposition des seuls sept pièces présentées à la Fondation Cartier – dont un dessin – ne rend pas compte de l’étendue de son talent et de ses recherches conduites sur plus de quarante ans. Elle en est un simple concentré qui en donne une idée, certes, mais laisse l’esprit et le regard sur leur faim d’autant que l’écart de densité des œuvres exposées entre le haut et le bas du bâtiment est considérable. D’un côté, au rez-de-chaussée, le visiteur s’interrogera sans doute longtemps sur l’aspect quasi insignifiant d’une projection duelle et monumentale où l’artiste joue à tenir en équilibre par leur pointe deux crayons à la mine de plomb, sinon, de l’autre côté, il profitera de la diffusion, répétitive et vaine, de deux pièces sonores – en écho avec une autre dans le jardin – pour redécouvrir la splendeur transparente de l’architecture de Jean Nouvel. Autant d’œuvres relativement récentes qui laissent perplexe et que la découverte des œuvres présentées à l’étage inférieur fait vite oublier.
Là, on retrouve l’artiste dans la toute-puissance de sa création, saisissant littéralement le spectateur aux tripes, avec trois installations monumentales, mais cette fois-ci dépassant toute considération formelle. Le meilleur de l’art de Bruce Nauman est requis par l’intense dans des dispositifs qui mettent en jeu tout un monde de perceptions sensibles et psychologiques. Il en est ainsi de son intrigant Carousel (1988) d’animaux démembrés, de son installation vidéo sonore Anthro/Socio (1991), qui questionne la relation humaine, enfin de cette vidéo-couleur, projetée au mur et au sol, optiquement fascinante, Untitled (1970/2009). Une sorte de ballet existentiel de deux danseuses qui roulent sur elles-mêmes indéfiniment sur un tapis au motif rayonnant. Du grand, du très grand Nauman.
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Bruce Nauman, basse et haute fréquences
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Abonnez-vous dès 1 €Fondation Cartier pour l’art contemporain, 261, boulevard Raspail, Paris-14e, www.fondation.cartier.com
Cet article a été publié dans L'ŒIL n°679 du 1 mai 2015, avec le titre suivant : Bruce Nauman, basse et haute fréquences