Les Beaux-Arts de Paris exposent en toute simplicité des chefs-d’œuvre, parmi lesquels certains inédits.
PARIS - Les connaisseurs le savent : chaque exposition de l’École des beaux-arts de Paris, dans l’intimité du Cabinet Jean-Bonna, est l’occasion de découvrir de nouveaux chefs-d’œuvre insoupçonnés dans une collection de dessins discrète et foisonnante. La brève exposition « Portraits dans les collections de l’École des beaux-arts » en fait partie. En seulement 33 dessins, le corpus choisi par la commissaire, Emmanuelle Brugerolles, dresse un panorama rapide et intense de l’évolution du genre, du début du XVIe au XVIIIe siècle dans les écoles européennes, tout en présentant des pièces d’exception et de nouvelles attributions.
Portrait personnel
Au XVIe siècle, visage et regard sont au centre du dessin, dans une recherche psychologique qui interpelle le visiteur. Deux portraits rarement présentés impressionnent par leur dimension : œuvre d’Hendrick Goltzius, peintre de Harlem et datés de 1596, leur fraîcheur est intacte et laisse voir la précision des carnations.
Des cadrages serrés, une intensité donnée au regard et à l’ossature du visage : au XVIIe siècle, le portrait se veut singulier et personnel, comme en témoignent deux feuilles de Simon Vouet, dont l’une, Portrait d’homme vu de face (vers 1630), pourrait être un autoportrait, au regard du seul autoportrait peint attribué à l’artiste. Parmi les chefs-d’œuvre de l’exposition, un lavis d’encre d’Anton Van Dyck, Portrait de Gerard Seghers, qui participa à la renommée de la galerie de portraits du peintre dans les années 1630, côtoie un Portrait d’Agostino Mascardi de la même époque par le Bernin, une œuvre vive et aboutie.
Au registre des inédits, il faut mentionner une étrange Tête grotesque coiffée d’une marmite de l’Espagnol José de Ribera, une attribution récente (2013) pour ces quelques traits de sanguine. Un Portrait du comte-duc d’Olivares de Vélasquez se glisse dans le parcours. Son œuvre dessiné est encore très mal connu, seules quatre feuilles à ce jour lui étant attribuées, dont celle de l’École des beaux-arts, jamais exposée.
La seule œuvre de la main d’une femme, Elisabetta Sirani, acquise en 2015 grâce à l’association Cabinet des amateurs de dessin, de l’École des beaux-arts, est un Autoportrait avec un page (milieu du XVIIe). Singulièrement, la peintre se représente en femme du monde, dans un intérieur palatial qui n’est pas sans rappeler la manière dont les peintres masculins représenteront les intellectuels au siècle suivant.
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Brève histoire du portrait
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Abonnez-vous dès 1 €Jusqu’au 15 avril, Beaux-Arts de Paris, Cabinet des dessins Jean-Bonna, Palais des études, 14, rue Bonaparte, 75006 Paris, www.beauxartsparis.fr, du lundi au vendredi 13h-18h, fermé le 28 mars, entrée 3 €. Catalogue, Carnet d’étude no 36, Beaux-Arts de Paris Éditions, 128 p., 22 €.
Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°453 du 18 mars 2016, avec le titre suivant : Brève histoire du portrait