Le Brésil fut, avant et après la Seconde Guerre mondiale, une terre riche d’inventions artistiques, littéraires et cinématographiques. Mais l’ethnocentrisme de rigueur qui règne dans nos pays considère souvent comme folkloriques la plupart des pensées issues de ce que l’on nommait il n’y a pas si longtemps les pays émergeants. Bien sûr, certaines œuvres sont aujourd’hui appréciées. Néanmoins, il nous a fallu attendre le début des années 90 pour découvrir en Europe l’œuvre d’artistes aussi essentiels que Helio Oiticica ou Lygia Clark. L’exposition qui se déroule actuellement à Valence tente justement de faire le point sur ce foisonnement d’expressions artistiques. En près de 600 œuvres, les commissaires ont réussi à dresser un panorama complet de la production brésilienne entre 1920 et 1950. Débutant avec le mouvement « anthropophagique », qui cherchait
à dépasser les tensions issues de la condition coloniale, le parcours propose de découvrir comment l’art brésilien s’est construit initialement en s’éloignant des grandes tendances européennes. À partir de cette date, et notamment sous l’impulsion de la littérature, des pratiques spécifiques se développent en peinture (Anita Malfati, Vicente Do Rego Monteiro...) et en photographie (Marcel Gautherot, José Medeiros...). L’extraordinaire explosion des années 50 autour de Clark, Oiticica mais aussi des architectes Lucio Costa, Oscar Niemeyer et des cinéastes du Cinéma Novo résulte de cet affranchissement vis-à-vis de l’esthétique occidentale. Aujourd’hui encore, on ne peut que rester stupéfait devant ces productions qui, bien avant l’Occident, posent clairement le problème du dépassement de la modernité, du rapport à l’autre et de la constitution d’une culture pluriethnique enfin débarrassée de ses vieux démons.
VALENCE, IVAM, jusqu’au 14 janvier.
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Brésil avant-gardiste
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°522 du 1 décembre 2000, avec le titre suivant : Brésil avant-gardiste