C’est au Musée cantonal de Lugano que revient l’insigne privilège d’ouvrir les festivités célébrant le 400e anniversaire de la naissance de Francesco Borromini (1599-1667). Le chantre du baroque romain, contemporain et rival du Bernin, est en effet né alentour, dans le petit village de Bissone. C’est donc très logiquement que l’exposition s’intéresse aux 30 premières années de formation de l’architecte, de ses premières armes milanaises comme tailleur de pierres, en passant par sa fugue à Rome et son activité de dessinateur dans l’atelier de Maderno, jusqu’à la réalisation de sa première œuvre maîtresse en 1634 : le monastère de Saint-Charles aux quatre fontaines. L’exposition, conçue par l’architecte tessinois Mario Botta, rassemble une série de dessins originaux, maquettes et vues restituant l’originalité de sa démarche créatrice. Borromini commençait toujours ses projets par une forme simple qu’il modulait et déclinait au gré de multiples variations pour aboutir à des structures géométriques complexes. Rejetant les perspectives unifocales de la Renaissance, privilégiant les effets de mouvement et de rythme, substituant aux formes trop linéaires des jeux de courbes convexes et concaves, de pleins et de vides, il parvint à renouveller les typologies traditionnelles, proposant des solutions plastiques ingénieuses et inédites, en accord avec les valeurs spirituelles de son temps. « Je ne suis pas né pour être copiste » proclame-t-il fièrement dans le préambule de son Opus architectonicum. Là où d’autres recherchent une beauté idéale et originelle, déformée par les siècles, Borromini prône une esthétique de l’invention permanente, par la variété. Une attitude souvent vouée aux gémonies par ses contemporains. Mais Borromini trouva dans cette orientation la marque de son talent. Une originalité qu’il doit à une formation dense, comme en témoigne cette exposition. Mais aussi à une personnalité entière, ombrageuse et impulsive qui prendra une dernière fois le dessus en 1667. En proie à une crise de folie paranoïaque, Borromini brûle ses dessins et se jette sur son épée.
LUGANO, Museo cantonale d’Arte, 5 septembre-14 novembre.
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Borromini, les débuts
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°509 du 1 septembre 1999, avec le titre suivant : Borromini, les débuts