Bordeaux (33)

Bordeaux sous l’étoile de L.A.

Musée d’Aquitaine et CAPC Jusqu’aux 26 octobre et 12 septembre 2014

Par Bénédicte Ramade · L'ŒIL

Le 25 juin 2014 - 327 mots

Cinquante ans de jumelage, cela se fête et Bordeaux le fait bien cet été en se laissant envahir par l’énergie ravageuse de la scène artistique de Los Angeles.

Et c’est précisément la scène chicano, longtemps minorée, qui se retrouve au cœur de la programmation du Musée d’Aquitaine et du CAPC. Pendant que la nef de ce dernier sera laissée aux œuvres sculpturales monumentales d’Aaron Curry, les salles d’exposition recevront la documentation des actions artistiques du collectif chicano Asco. Déjà plébiscité à la Friche de la Belle de Mai à Marseille – et encore visible jusqu’au 6 juillet –, le groupe fondé en 1971, qui agita Los Angeles jusqu’en 1987, expose ses faits d’armes. Ils sont nombreux et fracassants comme lorsque le noyau dur du groupe composé de quatre hommes et une femme, Patssi Valdez, dînent sur un terre-plein au beau milieu du Whittier Boulevard (First Supper, 1974). Grimés, ils célèbrent le lendemain d’une émeute qui vient de secouer l’est de Los Angeles, majoritairement latino et objet de répressions systématiques. Les artistes s’en échappent parfois, bravant les couvre-feux pour aller poser pour la postérité dans des mises en scène saisissantes. En 1974, l’un des membres, Gronk, scotche au mur deux de ses compagnons. Il en résultera une image forte qui entre en résonance avec les conflits au Chili, la répression des minorités, la guerre du Viêtnam qui s’éternise. Asco signifie « nausée » en espagnol. Le groupe en a assez de l’invisibilité de sa communauté. Il comptera jusqu’à trente membres et emploiera autant le graffiti, la performance que le cinéma pour se faire entendre. Certaines de leurs œuvres ont d’ailleurs été collectionnées par Cheech Marin, qui a prêté au Musée d’Aquitaine une partie de sa collection. Soutien de la scène artistique Chicanos, Marin (que l’on a vu sur le petit écran aux côtés de Don Johnson notamment) a constitué un ensemble qui offre un contexte idéal à la séance de rattrapage historique que propose le CAPC. L’équation parfaite.

« Chicano Dream »

Musée d’Aquitaine, 20, cours Pasteur, Bordeaux (33) ; « Asco », CAPC, Bordeaux (33), www.musee-aquitaine-bordeaux.fr

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°670 du 1 juillet 2014, avec le titre suivant : Bordeaux sous l’étoile de L.A.

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