Bordeaux, la mutante

Quelle sera la ville de demain ? En allant à Bordeaux, ne vous attendez pas à trouver des réponses précises ou des visions futuristes de la cité du XXIe siècle, « Mutations » n’est pas un salon artistique de l’habitat et de l’urbain. Partant du constat que 50 % de la population se concentre dans les agglomérations urbaines, cette énorme exposition slalome entre les statistiques et les cartes pour dévoiler la multitude de recherches prospectives menées sur la ville. Mais pas une ville du futur qui serait encore à imaginer, une ville réelle telle qu’elle existe aujourd’hui à Tokyo, Moscou, Lagos, Mexico ou encore Istanbul. Rem Koolhaas, architecte superstar hollandais qui réfléchit depuis plusieurs années sur la mutabilité de l’environnement urbain, est l’initiateur de ce projet en gestation depuis trois ans. Il conduit l’enquête sur des mégapoles asiatiques et africaines, tandis que Sanford Kwinter, théoricien de la ville américaine, s’interroge sur les limites d’une cité comme Houston et que l’Italien Stefano Boeri organise une grille de lecture thématique autour des cités européennes. « Mutations » est une superproduction au concept complexe (relayé par un livre copieux au sommaire alléchant), illustrée par un ensemble documentaire et artistique essentiellement audiovisuel, mis en scène par l’architecte Jean Nouvel. Des portraits de villes, des balades photographiques orchestrées par Bruno Serralongue et Jordi Bernado à Bordeaux, par McLean aux États-Unis ou Mimmo Jodice en Italie, auxquels Hans Ulrich Obrist ajoute une sélection d’œuvres sonores immatérielles. Le programme se veut dense, pluriel, ponctué d’une série de conférences ; il ne ressemble en rien à un constat. « Mutations » porte bien son nom.