C’est un homme d’âge mûr, réservé et mesuré, le cheveu ras et la silhouette fine. Un homme ordinaire.
Pierre Bonnard a 57 ans lorsqu’il achète en 1926 sa villa « Le Bosquet » au Cannet. Son Giverny à lui. Une villa comme une retraite : en 1939, Bonnard quitte le monde pour s’installer définitivement au cœur de ce tropique méditerranéen afin d’y passer le plus clair de son temps.
Dans cette maison discrète et ordinaire, l’artiste entreprend de décortiquer la beauté du monde. La beauté d’un monde circonscrit par quatre murs. Un monde ordinaire, peuplé de figures silencieuses et affairées à leur quotidien, sublime et sublimé (Le Petit-Déjeuner, vers 1930). Un monde tout en intérieurs confinés et saturés des menus indices de la vie. Un monde où la quiétude domestique est un tableau permanent dont les huisseries seraient le cadre ligneux.
Au Bosquet, un homme ordinaire recompose la réalité depuis sa salle de bains ou sa cuisine. Rien n’est pris sur le vif. Tout est disséqué dans de petits cahiers consignant l’ineffable d’un geste ou la disposition miraculeuse d’une corbeille. Le pourpre, l’orangé ou le violet n’interviendront qu’après, car seule la toile est une transfiguration affolée du réel. La peinture, aussi vraie que menteuse. Comme un feu d’artifices.
Le bonheur de vivre selon Bonnard mérite fixation. Du Morandi de boudoir, en somme. Car toute pose est une pause. Car tout dans ce monde semble en place. Les intérieurs jouissent d’une intériorité et ces muses, aujourd’hui, d’un musée : le Metropolitan de New York.
« Pierre Bonnard: The Late Interiors », The Metropolitan Museum of Art, New York (États-Unis), 1000, Fifth Avenue 10028-0198, www.metmuseum.org, jusqu'au 19 avril 2009.
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Bonnard domestique
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°611 du 1 mars 2009, avec le titre suivant : Bonnard domestique