Bon Baiser de Klimt

Cent ans après

Par Anouchka Roggeman · L'ŒIL

Le 28 octobre 2008 - 392 mots

Comment célébrer le centenaire du « Baiser » de Gustav Klimt ?

Alfred Weidinger, codirecteur et conservateur de l’exposition du Belvédère, a eu l’idée originale de replonger l’œuvre dans son contexte en reconstituant une partie de la Kunstschau de 1908, une exposition où les principales œuvres de Klimt furent présentées au public pour la première fois, et qui marqua l’histoire de l’art viennois.
Bien que non invité à participer aux festivités qui célébraient le 60e anniversaire de la montée sur le trône de l’empereur François Joseph Ier, le « groupe Klimt » (Klimt, Hoffmann, Prutscher et Moser), qui venait de quitter la Sécession, se vit attribuer un terrain en friche pour présenter ses œuvres pendant l’événement. En quelques mois, les artistes érigèrent un formidable espace temporaire de 6 500 m2 comprenant cinquante-quatre salles d’exposition.
Présentés dans la première salle du Belvédère, la maquette ainsi que les plans de la construction donnent une idée de l’importance du lieu où les œuvres de cent soixante-seize artistes, la plupart inconnus, furent rassemblées. Si l’exposition du Belvédère ne regroupe qu’un sixième de l’événement d’origine, elle reconstitue quelques-unes des salles de l’époque, dont les murs, comme jadis, ont été recouverts d’un élégant papier peint aux formes géométriques. Parmi les œuvres présentes, on trouve de nombreux tableaux, mais aussi des objets, des meubles, des jouets, des sculptures et des affiches, autant de formes d’art qui participaient au concept d’« art global » cher à Gustav Klimt.
Particulièrement colorée, la salle des affiches montre l’avènement d’une nouvelle forme d’art. En s’éloignant du style géométrique et ornemental de la Sécession, les jeunes artistes utilisèrent l’affiche pour réaliser des œuvres proches d’un certain expressionnisme. Ce n’est qu’à la toute fin de la visite qu’est présenté le clou de l’exposition, dans une salle dédiée à Klimt. Avec une grande émotion, on redécouvre le sublime Baiser ainsi que Fritza Riedler (1906), Les Trois Âges de la femme (1905) et Danaé (1907-1908).
À côté de ces œuvres originales, des reproductions signalent les tableaux absents, notamment le portrait d’Adele Bloch-Bauer (1907), acheté 135 millions de dollars en juin 2006 par un collectionneur américain. Celle que l’on surnomme la « Joconde d’Autriche » étant restée à la Neue Galerie à New York, où elle est conservée.

« Gustav Klimt et la Kunstschau de 1908 », Belvedere, Rennweg 6, 1030 Vienne (Autriche), www.belvedere.at, jusqu’au 18 janvier 2009.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°607 du 1 novembre 2008, avec le titre suivant : Bon Baiser de Klimt

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