Lentilles, brocolis, nouilles, carottes, coton... Michel Blazy utilise des matériaux organiques dont les propriétés sont à même d’inscrire ses travaux à l’ordre de l’idée de process art. Il enduit ici les murs de purée végétale, il organise ailleurs des systèmes de goutte à goutte créant parmi ses installations une ambiance sonore proprement « grotesque ». Comme s’il n’avait pas voulu choisir entre botaniste, entomologiste ou simple jardinier, la démarche de cet artiste se nourrit tour à tour de l’activité des uns et des autres pour imaginer toutes sortes de travaux dont la nature est le pivot central. Suivant les conseils d’Aristote affirmant que l’art doit réaliser à terme « les choses que la nature (elle-même) est incapable de fabriquer », Michel Blazy n’a en effet de cesse d’inventer des dispositifs qui mettent en évidence les mécanismes fondamentaux de la vie. Si son art en appelle aux notions de culture, de milieu et de morphogenèse, il s’agit chez lui d’appréhender ces concepts au sens biologique de leur acception. Aussi les œuvres qu’il réalise nous invitent-elles à la découverte d’un monde en pleine évolution dont le merveilleux tient à sa fragilité, à sa transformation et à son inéluctable disparition. Justement intitulée Les animaux en voie de disparition, la série de photographies qu’il présente cet automne est d’une incroyable drôlerie. Bricolés de petits éléments alimentaires, style biscuits d’apéritif, ils sont montrés alors même qu’ils sont attaqués par des cohortes d’insectes qui vont les réduire à néant. L’art de Blazy cultive ainsi tout à la fois le rire et le grave, le comique et le tragique, la pirouette et la réflexion.
PARIS, galerie Art:Concept, jusqu’au 4 novembre.
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Blazy, histoires naturelles
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°520 du 1 octobre 2000, avec le titre suivant : Blazy, histoires naturelles