Personnage à part dans le paysage artistique français, Bissière a construit une œuvre dense, empreinte d’une grande poésie, réalisée par strates, à travers un long et lent cheminement. Une sélection de quatre-vingt-cinq tableaux, une sculpture et deux tapisseries composent l’exposition « Figure à part » du Musée de Lodève.
L’exposition prend le parti de donner à voir l’évolution de la présence ou de la disparition de la figure entre 1920 et 1964. Le parcours, simplement chronologique, longé d’œuvres significatives minutieusement choisies par la petite-fille de l’artiste, met bien en exergue les différentes phases d’une œuvre qui joue sur de multiples registres et exclut tout systématisme. En point de départ, l’influence cubiste se fait sensible dans son œuvre, puis progressivement, la structure de l’image va se diluer au profit de grands rythmes linéaires qui organisent les nombreuses touches du pinceau. Son passage vers la non-figuration – dont il sera le chef de file – se fera autour d’un tableau emblématique intitulé Grande Composition (1947) réalisé a tempera. À l’image se substitue dès lors l’usage du pictogramme, mode d’expression à travers lequel il renoue avec la plus ancienne condition du langage et affirme sa condition de primitif. Entre 1948 et 1954, il multiplie les solutions plastiques, les inventions formelles. Au début de 1954, il abandonne la tempera pour revenir à l’huile, marquant ainsi l’ultime évolution de son travail : ses tableaux forment une grille d’où le regard ne s’échappe pas et construits par juxtapositions libres de taches colorées. À partir de 1962, il entreprend une série de tableaux de petits formats, Images sans titre, qui seront exposées à la Galerie Jeanne Bucher. De là surgissent à nouveau des paysages, des architectures et des figures qui témoignent du travail sous-jacent de réactivation de la figuration. Une exposition sensible, à l’aune du créateur, artiste singulier, trop méconnu, qui fut l’une des figures majeures de l’avant-garde.
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Bissière, un coup dans la figure
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Abonnez-vous dès 1 €Musée de Lodève, square Georges-Auric, Lodève (34), www.museedelodeve.fr
Cet article a été publié dans L'ŒIL n°671 du 1 septembre 2014, avec le titre suivant : Bissière, un coup dans la figure