Généralement mieux perçu en Europe que dans sa patrie, Bill Viola bénéficie au Los Angeles County Museum of Art d’une rétrospective de ses enregistrements et installations réalisés depuis vingt-cinq ans. Une présentation sans concession de ce pionnier californien de l’art vidéo.
LOS ANGELES (de notre correspondant) - La rétrospective du Los Angeles County Museum of Art a été organisée conjointement par le metteur en scène de théâtre et d’opéra Peter Sellars et David Ross, directeur du Whitney Museum of American Art à New York où elle sera présentée en février. Pour David Ross, l’œuvre de Viola se caractérise par un “engagement total dans l’art, conçu comme une activité permettant d’induire des expériences transcendantales. C’est rare aujourd’hui. Ceux qui y sont sensibles y répondent de façon passionnée”. Il ajoute pourtant qu’“aucun musée américain n’expose les œuvres de Viola de façon permanente ; en général, les Européens lui manifestent un plus grand intérêt”.
Dès l’entrée de l’exposition, l’obscurité et d’étonnantes sources sonores qui s’intensifient ou s’évanouissent le long du parcours mettent le visiteur en condition. Dans Slowly Turning Narrative (1992), la voix de l’artiste nomme, sur un ton monocorde, une série de personnages : Celui qui regarde, celui qui oublie, celui qui sait, etc. L’unique éclairage de la grande salle provient des images vidéos projetées en son centre sur un panneau pivotant doté d’un miroir.
La chronologie des œuvres n’est toutefois pas respectée. À plusieurs occasions, le visiteur peut lui-même choisir son itinéraire, chacun d’entre eux offrant une perspective différente sur les créations de l’artiste. “Il m’arrive souvent d’écrire mes projets avant de les dessiner, souligne Bill Viola. Dans certains cas, je procède par la suite à des esquisses techniques qui me permettront de concevoir un fonctionnement plus détaillé. Mais le travail expérimental lui-même commence toujours par des mots”.
La poésie, la littérature et les traditions spirituelles orientales l’ont beaucoup inspiré depuis la fin des années soixante-dix. L’organisation même de l’exposition – qui “s’adresse autant au corps qu’à l’esprit” – est fidèle à sa conception de l’art : l’expérience sensorielle doit précéder l’intellect. Viola cite également l’influence exercée par la télévision et le cinéma hollywoodien des années cinquante qui ont tous deux bercé son enfance. “Je n’ai pas eu besoin d’apprendre abstraitement ce qu’étaient une ellipse ou un contrechamp, affirme-t-il. C’était déjà dans ma chair”.
BILL VIOLA, jusqu’au 11 janvier, Los Angeles County Museum of Art, 5905 Wilshire Boulevard, tél. 1 213 857 6000, tlj sauf lundi 10h-17h, vendredi 10h-21h, dimanche 11h-18h.
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°51 du 3 janvier 1998, avec le titre suivant : Bill Viola donne le la