Il aura fallu attendre le début des années 1950 pour qu’Elliott naisse. Non pas à la vie - fils d’émigrés russes Elliott Erwitt a ouvert les deux yeux à Neuilly-sur-Seine en 1928 –, mais à la photographie.
C’est à cette époque, en effet, qu’il remporte un concours organisé par Life avec une série de photographies prises durant son service militaire, et qui lui ouvriront les portes de Magnum en 1953. L’une de ses images montre un G.I. noir, mitraillette à l’épaule, tirant la langue au photographe, riant aux armes. Vu rétrospectivement, le cliché a tout du manifeste : l’espièglerie, devenue comme le timbre sec du photographe, et le brouillage des genres. Car de la même manière que cette image – l’une des plus diffusées – fait partie d’un reportage « militaire » alors même qu’il n’a jamais couvert la guerre, Erwitt passe du reportage politique à la photo de pub via les chiens (sujet auquel il a déjà consacré huit livres) avec une aisance crâne.
Aujourd’hui, Erwitt a préparé pour la Mep un best of de ses photographies. Un choix personnel de plus de cent trente clichés qui met côte à côte le meilleur de lui-même (« Personnal Best ») : la photo du bidasse bien sûr, mais aussi cette joueuse de casino qui, en actionnant le levier d’une machine à sous habillée en cow-boy, plonge droit dans l’univers sans pitié du western. « Push » (« Poussez ») dit l’écriteau. Même Nixon est là, dans l’exposition, qui défie du doigt Khrouchtchev lors d’un Salon d’électroménager en Russie (1959). L’image, choisie pour la campagne présidentielle de Nixon, montre un futur président américain sûr de lui et de son autorité. Ce qu’elle tait, en revanche, c’est ce que lui répondit le Russe à l’instant du déclenchement : « Va te faire foutre. »
« Elliott Erwitt, Personal Best », Mep, 5/7, rue de Fourcy, Paris IVe, www.mep-fr.org, jusqu’au 4 avril 2010.
Et « Elliott Erwitt, Paris », Magnum Gallery, 13, rue de l’Abbaye, Paris VIe, www.magnumgallery.fr, jusqu’au 13 mars.
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The best of Erwitt
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°622 du 1 mars 2010, avec le titre suivant : The best of Erwitt