Béraud, le temps retrouvé

L'ŒIL

Le 1 octobre 1999 - 255 mots

C’est un peu de l’atmosphère du Temps retrouvé de Marcel Proust, récemment mis en scène par Raoul Ruiz, que l’on retrouve dans les tableaux de Jean Béraud. L’écrivain le percevait comme « l’artiste que le nouveau monde comme l’ancien acclament » et se sentait, assez proche de lui pour lui demander d’être son témoin dans un duel. Le peintre est alors de toutes les fêtes et fréquente le Tout-Paris, au point d’en ressentir une certaine lassitude : « Je sors beaucoup, trop même et je dîne bien souvent dans des maisons qui me font regretter ma pipe et mes livres. » Ses toiles témoignent de ce tourbillon qui l’entraîne chaque jour à frôler une multitude d’individus, aussi bien dans les soirées mondaines et boulevards élégants que dans les bals populaires et cafés enfumés. Des citadins vêtus de sombre, coiffés de haut-de-forme arpentent la capitale, flânent, accompagnent ou croisent à l’opéra les silhouettes chatoyantes des femmes. Rien ne manque à la toilette de ces élégantes qui se décline en volants, falbalas, manchettes, bouillon de dentelles, nœuds, chapeaux, rubans. Et l’on se souvient d’Odette, incorrigible coquette dans Un amour de Swann. Des vues parisiennes aux courses, en passant par la mode, c’est tout l’univers de la Belle Époque qui est brossé, la fin d’un siècle qui bascule et l’émergence d’un monde nouveau, caractérisé par la construction du somptueux Opéra Garnier, le percement des larges boulevards haussmanniens, ou encore l’érection de la Tour Eiffel.

PARIS, Musée Carnavalet, 29 septembre-2 janvier, cat. éd. Wildenstein/Benedikt Taschen, 380 p., 784 ill.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°510 du 1 octobre 1999, avec le titre suivant : Béraud, le temps retrouvé

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