Baselitz, graveur

Grâce au concours du Cabinet des estampes de la Bibliothèque nationale de France et à la galerie Catherine Putman à Paris, le Musée Cantini présente au rez-de-chaussée et au premier étage un ensemble exceptionnel de deux cents gravures de Georg Baselitz, figure majeure du néo-expressionnisme allemand. Dès 1964, ce nouveau fauve, réalisant une peinture au réalisme expressif, s’est consacré à la gravure ; il en est d’ailleurs un collectionneur passionné. 

Une large vision de l’œuvre d’un très grand graveur permet de découvrir toutes les techniques de la gravure utilisées : eaux-fortes, aquatintes, gravures sur bois (xylographies), pointes sèches. La série des Remix permet à Baselitz de réinterpréter, avec humour, ses œuvres anciennes des années 1960. Il y interroge, comme bon nombre d’artistes germaniques de sa génération – il est né en 1938 –, la responsabilité du peuple allemand dans le nazisme. On y retrouve donc, et à profusion, les symboles de l’histoire germanique détournés par le régime nazi : aigles, forêts mythiques, géants. Sans oublier les leitmotivs formels chers à l’artiste : la fragmentation des corps, les ombres portées et le retournement du motif qui lui permet d’oublier le sujet pour se consacrer au pur jeu plastique. Devant la « brutalité » des figures massives et charpentées qui se présentent au spectateur (Berger, Héros divisé, L’arbre…), celui-ci reste longtemps saisi par leur verticalité toute frontale invitant à un « dialogue avec soi-même ».