Intitulée « Cécile Bart “S.T.“ », l’exposition de cette artiste à Strasbourg peut paraître pour partie énigmatique. Mais dès lors que l’on considère la ville où elle se tient, tout s’éclaircit. On sait en effet que la capitale de l’Alsace recèle à l’Aubette une décoration murale réalisée par Sophie Taueber, en collaboration avec Jean Arp et Theo Van Doesburg, aux temps glorieux du néoplasticisme naissant.
Inscrit dans le droit fil d’une tradition géométrique abstraite, versant art concret, l’art de Cécile Bart se décline sous la forme de peintures/écrans monochromes qui sont ordinairement constituées d’une sorte de gaze teintée, tendue sur châssis métallique. L’artiste utilise cet objet peint dans des installations qui interrogent tant les modalités du regard que le statut de l’image, qui invitent le spectateur à s’inscrire en transparence d’un côté ou de l’autre, enfin qui jouent de l’espace en le mettant en abyme à toutes les sauces. Invitée à investir le petit bâtiment de la Chaufferie, la galerie de l’École des Arts décoratifs de Strasbourg, Cécile Bart en a exploité la structure avec sa mezzanine.
À la hauteur de celle-ci, elle a tendu, d’un mur à l’autre, un réseau de câbles sur lequel elle a placé sans règle particulière cinq de ses peintures/écrans. Ainsi, le visiteur qui pénètre dans la Chaufferie est amené à se déplacer sous le dos peint de celles-ci. De tous ces jeux perceptifs et de tous ces basculements d’espaces que suggère par ailleurs la dynamique virtuelle des écrans en suspens, Cécile Bart est coutumière. « L’air qui circule, la nécessité d’une respiration, la liberté de mouvement », ce sont là des données avec lesquelles elle aime à composer, nous invitant à faire l’expérience de ce qu’elle appelle volontiers et poétiquement des « empreintes d’atmosphère ». Une expérience qui n’est pas sans rappeler certaine navigation dans l’espace, si chère à Malevitch.
STRASBOURG, La Chaufferie, jusqu’au 30 juillet.
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Bart, navigation dans l’espace
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°518 du 1 juillet 2000, avec le titre suivant : Bart, navigation dans l’espace