À vouloir que l’on ne dise rien de sa biographie pour mieux regarder sa peinture indépendamment de toute autre considération, le comte Balthazar Klossowski de Rola, dit Balthus, est le héros d’un véritable mythe. Et comme souvent pour ce type de figure, d’un côté il a ses inconditionnels, de l’autre ses détracteurs. À 90 ans passés, le peintre qui doit à Rainer Maria Rilke ce surnom latinisé est toujours à l’œuvre. Ce n’est pourtant pas l’aspect le plus contemporain de celle-ci que le Musée des Beaux-Arts de Dijon a choisi de montrer cet été, mais la période dite « de Chassy » qui couvre les années 1953-1961 pendant laquelle Balthus s’était retiré dans un château du Morvan et dont Malraux l’en sortit en lui proposant la direction de la Villa Médicis à Rome. Pour l’essentiel, cette séquence de l’œuvre balthusienne est faite de grands paysages « à la manière classique », comme l’a dit le peintre lui même. D’une vue à l’autre des différents bâtiments de la propriété où il demeure, l’artiste multiplie les variations. Les paysages qu’il peint sont toujours vus d’une fenêtre, à distance en quelque sorte, ce qui leur confère un caractère particulier, volontiers analytique, d’autant qu’ils sont à peine troublés par la présence humaine. De Giotto à Courbet, en passant par Piero della Francesca et Poussin, les affinités sont éclatantes. À ces peintures, qui ne sont pas sans rappeler l’art de la fresque, conséquences des recherches techniques que le peintre n’a eu de cesse de mener, s’ajoutent de nombreux portraits de sa compagne et quelques scènes d’intérieur très étranges comme lui seul en a le secret. Une œuvre indiscutable dont le sujet n’est autre qu’une réflexion sur la peinture
DIJON, Musée des Beaux-Arts, jusqu’au 27 septembre, cat. 100 p., 120 ill., 150 F, avec des textes de Jean Clair, Sabine Rewald et Sophie Levy.
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Balthus dans l’atelier du Morvan
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°509 du 1 septembre 1999, avec le titre suivant : Balthus dans l’atelier du Morvan