Amis dans la vie, Francis Bacon et Lucian Freud ont longtemps dialogué ensemble sur la peinture et sur leurs mondes. La Fondation Maeght confronte leurs engagements pour une figuration largement novatrice.
SAINT-PAUL - L’exposition rassemble vingt-neuf œuvres de Francis Bacon et quarante-six de Lucian Freud. Les thèmes communs aux deux peintres sont presque tous présents : les autoportraits (trois pour Bacon, quatre pour Freud), les portraits de proches ou d’amis (dont deux de Freud par Bacon), les personnages isolés ou par deux, les études minutieuses des modèles et du corps humain, le travail sur des compositions inspirées d’œuvres de grands maîtres (Van Gogh dans un paysage de 1957 et Study from portrait of pope Innocent X de 1965, d’après Velasquez, par Bacon ; Large interior in W11, d’après Watteau, de Freud).
Quelques thèmes sont plus spécifiques, les corridas par exemple pour Bacon, avec Étude pour une corrida de 1969, les mises en scène de groupes et les femmes nues pour Freud, avec entre autres, Benefits supervisor resting de 1994.
Mais les préoccupations des deux artistes s’inscrivent bien dans une lutte pour la perception du réel et, selon Jean-Louis Prat, directeur de la Fondation Maeght, dans "une tentative pour, tout en restant attaché au réalisme, créer une image dont l’issue inévitable atteint l’essentiel".
Grands formats
Les deux peintres ont également une affection particulière pour les grands formats, et Bacon pour les triptyques (l’exposition en montre six), qui lui permettent de "rendre" la vie comme sur un écran de cinéma panoramique et de composer de véritables retables profanes. Quant à Freud, dans les grandes peintures, comme celles inachevées de cette année sur lesquelles il travaille encore (Benefits supervisor sleeping et Enfants et canards), "il renouvelle des trouvailles absolues et impertinentes", selon Jean-Louis Prat.
En fait, c’est le traitement pictural qui distingue nettement Bacon et Freud. Les cinq dernières œuvres de Bacon, des huiles et pastels de 1976 à 1987, illustrent de façon éclatante la manière qu’a cet artiste de cerner l’essentiel du visible en utilisant, souvent sur l’envers rugueux de la toile, des pigments et des couleurs qui s’assemblent dans "des oppositions osées, du noir au violet, de l’indigo au pourpre, du mauve au mine orange, suggérant le combat pictural livré par le peintre".
La peinture de Freud témoigne d’un combat d’une autre nature, dans lequel la réalité est transmise à travers une mise en scène produisant une couleur souvent affadie, où dominent les tons chair et toutes les nuances du rose au gris.
BACON-FREUD : EXPRESSIONS, Fondation Maeght, Saint-Paul, du 4 juillet au 15 octobre, tous les jours de 10h à 19h.
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Bacon et Freud chez Maeght
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°16 du 1 juillet 1995, avec le titre suivant : Bacon et Freud chez Maeght