« Bonne nuit les petits » : accueilli par cette phrase faite de lettres clignotantes, telle une enseigne publicitaire, le visiteur déambule dans la grande salle d’expositions du Mac-Val plongée dans l’obscurité ainsi que dans le vestibule et le jardin, pour découvrir une trentaine d’œuvres, pièces réactivées et nouvelles productions, de Pierre Ardouvin, né en 1955.
Créateur d’objets surréalistes, mêlant pop et kitsch, et d’installations fantasmagoriques à l’inquiétante étrangeté, l’artiste propose au regardeur de quitter un parcours chronologique classique pour expérimenter une scénographie kaléidoscopique l’invitant à se faire son propre film. Au sein d’une ambiance de bal populaire, on découvre, pêle-mêle, des engins spatiaux comme échappés d’un parc d’attractions, un arbre déraciné échoué sur un fauteuil de salon ou encore un manège. Réunissant des contraires (réalité et fiction, culture et consommation, détente et malaise…), Ardouvin réussit non seulement à distiller un parfum mélancolique de lendemain de fête renvoyant à l’adolescence perdue, mais surtout à questionner, via sa pièce maîtresse Au théâtre ce soir (2006), qui n’est autre qu’un mini-théâtre praticable par le public, le principe même d’exposition. Installé dans ce théâtre de poche, le spectateur regarde les visiteurs évoluer comme des acteurs : qui regarde qui ? Qu’est-ce qui fait œuvre ? Où est le show ? Cette mise en abyme permet au visiteur, devenu soudain sociologue, de porter un regard réflexif sur l’exposition, investie de plus en plus par les plasticiens (Ardouvin, mais aussi Parreno et Huyghe) comme un enjeu esthétique en soi, et sur « la société du spectacle » des musées d’art contemporain, écartelés de nos jours entre l’exigence scientifique et le pur entertainment.
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Avec Ardouvin, le regardeur fait aussi l’exposition
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Abonnez-vous dès 1 €Mac-Val, Musée d’art contemporain du Val-de-Marne, place de la Libération, Vitry-sur-Seine (94), www.macval.fr
Cet article a été publié dans L'ŒIL n°692 du 1 juillet 2016, avec le titre suivant : Avec Ardouvin, le regardeur fait aussi l’exposition