En réunissant cent cinquante œuvres
de Vincenzo Foppa confrontées aux réalisations majeures
de ses contemporains, le Musée de Santa Giulia de Brescia
a dessiné un panorama de
la création artistique bresciane du milieu du XVe siècle au début du XVIe. Au service de
la cour milanaise des Sforza, Foppa a réalisé in situ des œuvres prestigieuses, dont quelques rares exemples subsistent aujourd’hui.
Brescia (de notre correspondante) - À l’issue d’une longue campagne de restauration, la ville de Brescia a inauguré l’exposition “Vincenzo Foppa (vers 1430-1515/1516). Un protagoniste de la Renaissance”, au Musée de Santa Giulia. Selon un accrochage rigoureusement chronologique, la rétrospective reconstitue l’œuvre, encore mystérieuse à de nombreux égards, de ce maître de la Renaissance qui reste peu connu du grand public. Dans le sillon tracé par Roberto Longhi qui lui a consacré plusieurs pages, les commissaires ont étoffé la connaissance du travail de cet artiste – dont quelques œuvres avaient été perdues – grâce aux informations résultant de la découverte de documents et des récentes restaurations. Ainsi, la première œuvre connue de Foppa, les Trois Crucifiés de l’Accademia Carrara de Bergame, jusqu’à présent datée de 1456, s’est avérée, après nettoyage, avoir été réalisée en 1450. Or, cette donnée modifie les informations sur les rapports entre le peintre de Brescia et ses maîtres, tels Gentile da Fabriano, au service de Pandolfo Malatesta à Brescia au début du XVe siècle, ou les Vénitiens Jacopo Bellini et les frères Vivarini.
Dans les années 1430, lorsque naît Vincenzo Foppa, Brescia passe sous domination vénitienne. La ville connaît alors de nombreux changements sur les plans urbain et artistique. Les œuvres d’artistes vénitiens ornent peu à peu les églises de Brescia, tandis qu’à Padoue, la chapelle Ovetari de l’église degli Eremitani s’enrichit des chefs-d’œuvre de Donatello et de Mantegna. Fasciné par les paysages de Gentile da Fabriano, l’artiste a également été influencé par les deux maîtres actifs à Padoue qu’il étudie assidûment pendant ses années de formation tout en s’inspirant du traitement flamand de la lumière, connu dans les cours de Milan et de Gênes. Fort de ces expériences, Vincenzo Foppa réalise l’imposante chapelle Portinari dans la basilique Sant’Eustorgio – une de ses rares réalisations milanaises qui aient subsisté – rouverte en 1999 après dix ans de restauration (lire le JdA n° 86, 2 juillet 1999). Devenu dès lors peintre indépendant, Foppa s’est mesuré à Léonard de Vinci et à Bramante, reçus à la cour des Sforza. Avant de rejoindre sa ville natale, Foppa effectue un long séjour à Pavie, puis à Gênes où il réalise une série de Saints destinée à un polyptyque, dont quatre parties sont réunies pour l’occasion. Cependant, les œuvres prestigieuses exécutées à la chartreuse de Pavie et au Dôme de Milan sont presque toutes perdues. Peu avant 1490, lors de son séjour à Savone, la dernière des grandes commandes qu’il reçoit provient du pape Jules II Della Rovere. Cette période est marquée stylistiquement par l’alourdissement de la silhouette de ses figures comme le révèle le polyptyque de Santa Maria delle Grazie à Bergame. Son ultime réalisation, l’étendard peint pour le petit village d’Orzinuovi, est probablement l’œuvre dans laquelle la leçon de Vincenzo Foppa est la plus flagrante.
- Vincenzo Foppa. Un protagoniste de la Renaissance, jusqu’au 2 juin, Musée de Santa Giulia, Via Musei 81, Brescia, tél. 39 030 2977800, tlj 10h-18h sauf lundi.
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Avant Léonard
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°145 du 22 mars 2002, avec le titre suivant : Avant Léonard