Le département des Arts graphiques du Louvre explore la renaissance de l’art du paysage avant les années 1850.
Paris. Les artistes ont toujours travaillé en plein air, avec les moyens dont ils disposaient. C’est ce qu’ont voulu montrer, à travers plus de 170 dessins, Marie-Pierre Salé, conservatrice en chef, et Hélène Grollemund, chargée d’exposition au département des Arts graphiques du Louvre dans l’exposition « Dessiner en plein air ». « Si la peinture de plein air a pris son essor au milieu, et surtout à la fin du XVIIIe siècle, et a été révélée pleinement par l’impressionnisme parce qu’elle a rejoint à ce moment-là les mouvements d’avant-garde, raconte Marie-Pierre Salé, le dessin de plein air sur nature est attesté beaucoup plus tôt. Au XIXe siècle, il connaît un grand renouveau, probablement grâce à la diffusion des idées rousseauistes et à la naissance des mouvements antiacadémiques qui privilégient le lien direct, individuel, avec la nature. »
Pour ces « Variations du dessin sur nature dans la première moitié du XIXe siècle », les deux commissaires entament donc le parcours au XVIIe siècle avec la représentation de Deux dessinateurs sur le motif, par Raymond Lafage (1656-1684). Mais, après un bref survol du XVIIIe siècle, c’est bien celui des impressionnistes qui est mis à l’honneur. Le visiteur suit les voyageurs dans leurs excursions – Dominique Papety (1815-1849) en Grèce, Antoine Alphonse Montfort (1802-1884) à Beyrouth – et le graveur Eugène Bléry (1805-1887), qui exécutait ses eaux-fortes en plein air dans la forêt de Fontainebleau. Une vitrine présente les nombreux modèles de carnets dont disposaient les artistes pour leurs sorties sur le terrain ; plusieurs appartenaient à Théodore Chassériau. D’autres étaient plus équipés, comme le montre Charles Garnier dans sa caricature Le peintre Félix Joseph Barrias et l’architecte Alfred Nicolas Normand dessinant à la chambre claire (1849 ?). Un instrument de ce type est exposé.
Plus loin est accrochée la célèbre série d’eaux-fortes du « Voyage en bateau » de Charles François Daubigny et, ce qui est plus rare les dessins dont elles sont tirées. Les dessins, eaux-fortes et clichés-verres de Camille Corot montrent, selon Marie-Pierre Salé, « ce même geste, “synthétique et abréviateur”, disait Baudelaire, très énergique et improvisé, qui ne cherche pas à décrire. On comprend bien à ce point de l’exposition que “sur nature” ne veut pas dire “réalisme” : au contraire, l’invention est presque libérée, chez Corot, par la confrontation avec le motif. »
Enfin vient la question de la couleur. Les huiles sur papier de Valenciennes, les aquarelles de Boudin, Huet et Granet trouvent leur place ici, mais c’est Delacroix qui règne en maître. Plusieurs de ses albums sont ouverts sur ses paysages du Maroc, de la campagne anglaise, des Pyrénées ou sur La Mer au coucher du soleil (1832) peinte sur un bateau. Une boîte d’aquarelle de poche de Manet annonce la révolution que réaliseront ses amis impressionnistes.
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Aux racines du dessin au grand air
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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°492 du 4 janvier 2018, avec le titre suivant : Aux racines du dessin au grand air