Fils de l’ébéniste Louis Majorelle, l’un des pères de l’Art Nouveau à Nancy, Jacques Majorelle semblait avoir un trajet artistique tout tracé. L’envie de contrarier un milieu artistique trop étouffant le pousse dès 1903 à vouloir être peintre. Rapidement, il voyage : Paris pour ses études, la Bretagne pour l’inspiration, l’Espagne pour la richesse de son passé pictural. Sa palette est alors assez sombre. La vraie rupture intervient en 1910 avec sa découverte de l’Égypte. En 1917, à l’âge de 31 ans, il s’établit à Marrakech. Ses toiles saisissent le chatoiement des couleurs des souks et de ses différentes ethnies. De l’Atlas, il rapporte de grandes toiles sur la vie féodale des villages avec leurs palais-forteresses. À la même époque, la notoriété venant, il se lance dans l’art décoratif et dans la réalisation d’affiches de tourisme. Le Maroc est alors un protectorat français en pleine expansion. Les touristes affluent. Pour leurs besoins, Majorelle crée des cuirs d’art, des meubles en bois peints, la décoration d’un nouveau palace (la Mamounia) et poursuit la réalisation des somptueux jardins de sa villa (L’Œil n°510). À partir de 1930, son art prend une nouvelle tournure. L’Afrique devient le sujet de toutes ses attentions. Il réalise alors d’étonnantes séries de femmes nues. Les harmonies deviennent plus violentes, créant une tension entre le noir lustré des peaux et les couleurs vives des fonds. L’actuelle rétrospective est la première consacrée à ce peintre, salué de son vivant comme l’un des grands artistes français de l’entre-deux-guerres.
NANCY, Musée des Beaux-Arts de Nancy, jusqu’au 31 janvier.
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Aux couleurs de Majorelle
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°512 du 1 décembre 1999, avec le titre suivant : Aux couleurs de Majorelle