La mer fut longtemps perçue comme un lieu effrayant, domaine des monstres et des prodiges, monde inhumain. Dans un très beau livre Le Territoire du vide, Alain Corbin avait retracé l’émergence, entre 1750 et 1840, d’un nouveau rapport à la mer, fait de curiosités et d’expériences. Puis l’exposition « Désir de rivages » au Musée des Beaux-Arts de Caen avait illustré la façon dont les bords de mer étaient devenus un sujet de peinture tout au long du XIXe siècle. Moins vaste, cette exposition se focalise sur la deuxième moitié du XIXe siècle, période au cours de laquelle la fréquentation de la mer tend à se banaliser et entre définitivement dans les mœurs avec le tourisme balnéaire. Sur le plan artistique, le paysage est devenu un genre majeur. Pour des paysagistes habitués au plein-air et fascinés par les jeux de la lumière, la mer offrait un merveilleux terrain d’observation et d’expérimentation. Aussi est-elle intimement liée aux recherches de la « nouvelle peinture ». À la suite d’Eugène Boudin, peintre des plages et des ciels normands, Monet et Degas vont travailler sur les côtes normandes facilement accessibles en train. Plus tard, on trouvera Gauguin et ses amis de l’école de Pont-Aven en Bretagne, alors que Cézanne choisit la Méditerranée, suivi en cela par les pointillistes Cross et Signac. C’est donc l’émergence de la couleur qui traverse, tel un courant, toute l’exposition. Comme si, à tremper leurs pinceaux dans la mer, les peintres y avaient rincé, purifié et libéré la couleur.
PARIS, Musée d’Orsay avec l’émission Thalassa sur France 3, jusqu’au 16 janvier.
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Aux couleurs de la mer
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°512 du 1 décembre 1999, avec le titre suivant : Aux couleurs de la mer