La Cité nationale de l’histoire de l’immigration, nouveau centre d’art ? Trop prompt à voir dans cette institution abritée dans le Palais de la porte Dorée un musée de société austère, le public en ignore souvent le fonds d’art contemporain.
L’exposition « J’ai deux amours » le met donc à l’honneur, affichant un commissariat pointu vu le thème abordé, avec deux commissaires internationaux invités, Hou Hanru (commissaire de la Biennale de Lyon en 2009), Évelyne Jouanno et Isabelle Renard, responsable de l’art contemporain au sein de l’institution.
« Nous sommes tous en transit permanent. Qu’un homme soit blanc, noir, jaune, peu importe. Il est de toute façon un être potentiellement exilé. » Nombre d’artistes exposés ici pourraient tomber d’accord avec cette prise de position de Barthélémy Toguo. Bien sûr, le choix de ces vingt-deux artistes n’a pas été fait en fonction de leur origine étrangère. Mais, souvent, ceux qui s’emparent de la thématique de l’immigration créent eux-mêmes dans une situation de va-et-vient entre leurs origines et leurs lieux de vie, entre un ici et un ailleurs.
Le parcours de l’exposition est thématique, mais, dans une scénographie sobre, il laisse avant tout parler les œuvres : les installations monumentales et souvent provocatrices de B. Toguo bien sûr, mais aussi, dans une approche quasi documentaire, les photographies de Mathieu Pernot ou de Bruno Serralongue. Au terme de la visite, alors que les sujets les plus douloureux liés à l’exil n’ont pas été évincés, au bout de la longue galerie ouest du Palais, quand la lumière du jour pénètre par une grande baie vitrée, une expérience est proposée au visiteur. Chen Zhen, artiste qui a fait partie de la génération des anciens dans l’art contemporain chinois, invite le visiteur à caresser la peau de ses chaises-tambours, et à participer ainsi à cette rencontre inédite entre différentes cultures.
Un-interrupted Voice apparaît comme une œuvre qui opère une synergie magique entre continents, entre plusieurs formes d’expression artistique, entre art et artisanat. Lui faisant face, le tapis Bukhara de Mona Hatoum fait apparaître un planisphère représenté selon la projection de Peters qui, elle, respecte les dimensions des continents, et où l’Afrique reprend sa juste proportion : immense. Ainsi, ces artistes résolument en mouvement dessinent-ils une nouvelle carte de l’art contemporain, moins centrée sur l’Occident. La jeune création qui s’affirme semble revitalisée.
Cité nationale de l’histoire de l’immigration, Palais de la porte Dorée, 293, avenue Daumesnil, Paris-12e, www.histoire-immigration.fr
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Au rendez-vous des cœurs brisés
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°641 du 1 décembre 2011, avec le titre suivant : Au rendez-vous des cœurs brisés